Le 20 avril 1966, l’hydravion Catalina n°48 est victime d’une ouverture intempestive de trappes de train avant à l’amerrissage à Reao au Tuamotu. Le navigateur Robert Brand raconte :

Nous effectuons un tour de l’atoll pour bien mémoriser la position des pâtés de coraux immergés, check list : ballonnets sortis verrouillés, trains rentrés verrouillés etc… ; Alignement, un léger clapot matérialise bien la surface. Le copilote annonce les indications de la sonde altimétrique. Le redan effleure les premières crêtes des eaux turquoises lorsqu’une violente explosion retentit à l’avant de l’appareil et un énorme geyser disloque le caisson étanche du train avant et commence à envahir l’avion qui stoppe en piquant du nez.
L’appareil s’enfonce par l’avant, les deux pilotes évacuent par les trappes supérieures du poste pilote, le radio rejoint les deux mécaniciens à l’arrière pour mettre en œuvre les deux canots de sauvetage dont l’un refuse de se déclencher, le second se gonfle parfaitement.
L’avant de l’appareil s’enfonce lentement mais sûrement, je note le calme des passagers qui attendent les consignes pour évacuer.
J’ouvre la trappe supérieure du compartiment central mais j’hésite un instant avant de faire sortir les passagers pour monter sur les ailes car l’hélice du moteur gauche tourne encore quelques pales avant de stopper.
Nos trois compères se hissent sur l’aile, je m’empresse de faire de même.
Les légionnaires et le plongeur gonflent leur Mae West et plongent dans le lagon, je reste sur l’aile pour prendre quelques clichés de tout ce beau monde à l’eau et attends les embarcations des habitants et des militaires qui arrivent rapidement sur les lieux pour nous apporter leur aide. Aucun blessé n’est à déplorer.
Nous analysons les causes possibles de l’accident, notre plongeur va inspecter la coque de l’avion il apparaît que c’est un arrachement des trappes du train avant qui a provoqué l’entrée d’eau sous très forte pression, les lampes témoins indiquaient le verrouillage fermé…
Alors : corrosion, vétusté, choc au parking ?

On peut encore voir un morceau du Catalina N° 48 sur le tombant intérieur de récif de Reao, là où il avait été tracté après son accident du 20 avril 1966 et sa condamnation le 30 novembre 1966.

Dans le cadre des essais nucléaires en Polynésie française, la Section de Liaisons du Pacifique (SLPAC) est créée en 1964 avec la mise en service de trois hydravions Catalina. Les trois Catalina, acquis au Canada par UTA, sont modifiés en France pour assurer le transport de fret et de passagers. Ils reçoivent d’abord une immatriculation du registre militaire français F-WMK- et par la suite porteront un indicatif civil. Ces appareils sont destinés à assurer la déserte des atolls périphériques en l’absence d’infrastructure aéroportuaire sur ces îles. Leurs missions principales sont le transport de passagers, de fret et les évacuations sanitaires.

Le Catalina PBY-5A c/n 1810 a été construit par Consolidated Vultee à San Diego pour le compte de l’US Navy ou il a été exploité sous matricule 48448. Passé sous registre civil, il évolue sous indicatif N31234 puis CF-IHD au Canada. Après transformation en France, il est rebaptisé F-WMKT et plus tard, F-YCHC, numéro de coque “48”.

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Sources :

http://cansonet.free.fr/Operateurs/aeronavale/body_aeronavale.html
Photos Poltavtseef (1999) et Eric Vuillermoz