Bien que le rêve de tout chinois soit de dormir son dernier sommeil sur la terre des ancêtres, ceux de Tahiti ont tenu à organiser sur le flanc d’une colline d’Arue, au kilomètre 4, un cimetière qui leur soit réservé. C’est un des lieux les plus surprenants de l’île. Un portique sur lequel on lisait : « Chemin du repos éternel » y conduisait.

Le nord de la Chine est connu pour son vent violent et poussiéreux, en hiver, alors que le sud est sujet aux inondations. Aussi, quand les Chinois cherchaient un endroit favorable pour l’emplacement d’une tombe, ils choisissaient le flanc d’une colline qui soit abritée du vent et des inondations. D’où l’existence du mot Feng Shui (Vent et Eau). Le rôle des géomanciens était d’indiquer le lieu le plus approprié pour que la prospérité et la protection des futurs descendants soient assurées et que la richesse s’étende de génération en génération. Les tombes se trouvant donc sur le flanc des collines, la cérémonie connue sous le nom de Saomu (balayer la tombe) était donc aussi appelée Baisan ou Ka San (se recueillir sur la montagne).

Chemin du repos éternel, cimetière chinois d'Arue à Tahiti
Tombe du cimetière du repos éternel à Arue, Tahiti © Tahiti Heritage

Les tombes et inscriptions émergeant de la brousse sont typiquement chinoises.

Mausolée de Chim Soo Kung, martyr chinois d'Atimaono.

Dans la partie basse du cimetière, se trouve un mausolée avec une une forme bien particulière en fer à cheval (photo 4). C’est celui du martyr chinois Chim Soo Kung, qui a été exécuté par décapitation pour un crime qu’il n’aurait pas commis.

Un kiosque très coloré, « chapeaute » le cimetière.

Le Ka-San, l’hommage aux disparus

Deux fois par an, les Chinois effectuent le traditionnel Ka-San la fête des morts, au cimetière chinois de Arue communément appelé Chemin du repos éternel. En Chine, la mort est entourée de rites et lorsque les Chinois sont arrivés à Tahiti, ils ont continué à perpétuer ces rites. Ainsi à chaque Ka-San, les familles se rendent au cimetière et effectuent cette cérémonie qui consiste à rendre hommage à leurs défunts. Elles apportent des offrandes : de la nourriture, des fruits secs, des fruits exotiques… D’autres apportent de la boisson comme le thé de Chine et le vin rouge de France. On brûle de l’encens, des faux billets de banque, des faux vêtements en papier et on se prosterne devant le tombeau. La première période de Ka-San se situe en avril (Quinming), la seconde en octobre-novembre.

Si on a encore du mal à s’entendre sur ses origines, la coutume de la visite aux tombes familiales semble s’être fixée sous les Tang. Nommée Qing Ming, ou Ka San, elle perpétue le culte aux âmes errantes de Shangsi habituellement au mois de mars, mais certains Chinois ont choisi d’autres périodes, en raison de coutumes locales ou familiales, ou tout simplement pour raisons de commodité. Ainsi, dans le dédale des nombreux jours fériés octroyés sous les Tang, les Hakkas -ethnie chinoise connue pour travailler souvent au loin- mirent à profit la période de congé la plus longue du Nouvel An chinois pour nettoyer leurs tombes, lors de la Fête des lanternes.

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Sources :

Ludovic Ly, Leslie Timau, Vaihau Ching, Terii Faatauira – BTS Animation et Gestion Touristiques Locales – Papeete Chinese Tour – déc 2011.