Cornelius Crane était issu d’une grande famille américaine qui avait fait fortune en proposant les premiers équipements de salle de bain modernes, design et colorés. Il profitait pleinement de sa vie de capitaliste en parcourant le Pacifique sur son yacht Te Vega, une énorme goélette à deux mats de 134 pieds, construite en 1930 par Krupp en Allemagne. Saisie comme prise de guerre par les Etats-Unis lors de la seconde guerre, elle fut achetée en 1950 par Cornelius Crane.

Maison de Cornelius Crane à Paea

La maison de Cornelius Crane à Paea dans les années 1995

La goelette Te Vega devant le quai de Papeete, dans les années 1950

La goélette Te Vega devant le quai de Papeete, dans les années 1950

Le Ra’au tahiti miraculeux

Mais tout n’était pas rose dans cette croisière idyllique, car Cornelius Crane souffre d’un exéma qui le ronge nuit et jour. Au cours de ses voyages, il avait rencontré de nombreux spécialistes et guérisseurs, essayé toutes sortes de remèdes et d’onguents. Mais aucun n’arrivait à stopper « le mal ».

Lors de son passage à Tahiti dans les années 1950, il rencontre Miri Rei, tahu’a raau (guérisseuse) spécialiste de la médecine traditionnelle polynésienne à base de plantes. Après avoir bien examiné son patient, elle va chercher des feuilles et des racines qu’elle écrase dans un umete (récipient) pour préparer une potion et une pommade. Au bout de quelques jours l’état de Cornelius Crane s’améliore et petit à petit, il retrouve sa « peau de bébé ».

Le jardin botanique de Papeari

Heureux, très heureux d’avoir vaincu cette maladie, soit disant incurable, Cornelius Crane veut faire quelque chose pour remercier ce « pays » qui l’a sauvé. De retour aux Etats-Unis, il raconte son aventure a un ami botaniste qui lui parle de son compatriote Harrison Smith, cet américain qui a créé en 1930, un magnifique Jardin botanique à Tahiti, qui est à l’abandon depuis sa mort en 1947.

On croit souvent, à tort, que c’est Harrison Smith qui a donné son jardin botanique à la Polynésie française. C’est faux, Harrison Smith à légué son jardin à son ami Jean Marie Boubée, qui n’a pu assumer cette lourde charge et le jardin a été laissé à l’abandon. Pire, des boeufs avaient commencé à en prendre possession.

Crane se porte acquéreur en 1952, mais étant américain, l’administration le contraint à faire une donation d’une partie du jardin à la Polynésie française à sa mort. Il embauche comme intendant un conte germanique et un jeune professeur de l’Ecole des frères, Talo Pambrun à la main verte. Rapidement le jardin botanique retrouve son éclat.

L’Institut Marladé

Mais Cornelius Crane, n’en reste pas là. Il continue son oeuvre en apportant son aide financière à son ami William Robinson pour lancer un programme de recherche et de lutte contre l’éléphantiasis et de la filariose, dans ce qui deviendra l’Institut Malardé. Et en juillet 1956, il organise avec son bateau Te Vega, une expédition de l’American Museum of Natural history de New York, aux îles Marquises.

Comme prévu, à sa mort en 1962, la Polynésie française récupère les 18 ha du jardin botanique du motu Ovini à Papeari.

Tahitien elephantiasis bras
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Sources :

Olivier BABIN, Talo PAMBRUN
Historique : Crane Plumbing
Histoire de la goélette Te Vega dans le Pacifique en 1951
Photos  1. La goélette Te Vega.  2. : La goélette Te Vega, amarré au quai de Papeete en 1952.  3 : La maison de Cornelius Crane à Paea