Une pieuvre a été envoyée par les dieux pour apporter amour et harmonie à la population de Papetoai. Mais des étrangers ont rompu cette harmonie en montrant que sur terre, il y avait d’autres gens avec des coutumes bien différentes. Découvrez cette ancienne légende de Moorea.

Une grande pieuvre envoyée par les dieux

A Papetoai, l’emplacement autour du temple a toujours été un lieu sacré. A Fa’ato’ai, comme on appelait autrefois ce district, il y avait un marae, une source d’eau fraîche et une grande pieuvre.

Cette pieuvre, Tau Mata Fee Faatupu Hau , s’appelait aussi Tumu Rai Fenua avait été envoyée par les dieux de l’ancien temps pour apporter à la population amour et harmonie. Tous les habitants venaient écouter la pieuvre qui leur parlait de la nature, des étoiles et complétait leur connaissance du monde. Pendant longtemps, la pieuvre s’acquittât de sa mission et les habitants vécurent ensemble en toute quiétude.

L’arrivée des hommes-tortues

Un jour, des étrangers débarquèrent sur la plage de Vaihere, des hommes-tortues venus de très loin à la nage. Ils racontèrent à la population étonnée que de l’autre côté de la mer, il y avait d’autres terres, d’autres pays, d’autres gens. Les Hommes Tortues allèrent alors voir la pieuvre au marae Tapuatea, et lui racontèrent leur histoire. Curieux, les gens de Fa’ato’ai demandèrent aux hommes-tortues de les emmener voir où ils habitaient. La pieuvre, refusa d’abord de les laisser partir, mais pour éviter des conflits, elle accepta à contrecœur que quelques habitants partent.

Le retour du pays des hommes-tortues

Quand les habitants revinrent de leur séjour au pays des hommes-tortues, ils se mirent à raconter tout ce qu’ils avaient vu et tout ce qu’ils avaient appris dans ce nouveau pays. Ils racontèrent comment les gens là-bas vivaient et ce qu’ils faisaient. Et bientôt des discordes apparurent au sein de la population ; car certains habitants avaient modifié leur façon de vivre et se querellaient en disant :

« Non, ce n’est pas comme ça là-bas, au pays des hommes-tortues, voilà comment sont les choses, voilà comment ils pensent, voilà comment ils font »

Les dieux entendant ces disputes dirent à la pieuvre :

« Nous te donnons une terre pour que tu puisses montrer aux gens comment s’aimer et vivre en harmonie, et maintenant ils se querellent. Si tu es incapable de guider les gens de l’île, nous allons te punir ».

La pieuvre s’enfuit

La pieuvre contrariée sortit de sa source et décida de quitter Fa’ato’ai et d’aller se réfugier sur le mont Rotui. De colère, elle répandit son encre sur le versant de la montagne jusqu’à la plage Vaihere, à l’endroit où les hommes-tortues avaient débarqué.

Puis la pieuvre appela tous les nohu (poisson-pierre) et leur demanda de s’installer et de bien garder la baie. Depuis ce moment, le nom d’Opunohu est resté (Opu = ventre ; nohu = poisson-pierre). On dit d’ailleurs aujourd’hui qu’il ne faut pas pêcher dans cette zone car les poissons sont empoisonnés par l’encre de la pieuvre.

Sa tête est devenue un rocher alors que ses huit tentacules se collèrent sur les huit chaines de montagne de Moorea. Mais avant sa transformation, voici ce qu’elle lança à Taaroa : « Je reviendrai un jour. Des signes précéderont mon retour, c’est-à-dire le retour de la paix et de l’unité. »

Aimeho aux huit radiations

L’ancien nom de Mo’orea, « Aimeho », qui veut dire manger en cachette, vient de cette légende. En effet, on ne voit jamais une pieuvre manger car sa bouche est en dessous de son corps. On dit donc qu’elle mange en se cachant.

Le nom en entier est « ‘Aimeho i te rärä varu » ou Aimeho aux huit radiations, représentant les huit tentacules de la pieuvre. La tête de la pieuvre se trouve sur le mont Rotui et ses tentacules rayonnent pour former les huit chaînes de montagne de l’île. Depuis le temple de Papetoai, l’on peut voir la tête et les deux yeux de la pieuvre couchée sur le Mont Rotui.

Commentaires

Sources :

D’après Hinano Garnier Murphy
Ass. Te Ati Matahiapo Nui Aimeho Nei, Moorea d’autrefois. Ed. Le Motu 2006