Après le célèbre appel du Général de Gaulle le 18 Juin 1940 à Londres, Tahiti fut la première colonie française à se rallier à la France Libre. En souvenir de ce grand homme, l’État français décide en 1973 de lancer un concours pour l’élaboration d’un monument commémoratif.

Un monument pour De Gaulle

C’est le projet, très contemporain, de l’architecte Rodolphe Weinmann, secondé du décorateur René Dessirier et de l’artisan sculpteur Nino Picolini, qui est retenu.

Le monument proposé est formé de deux blocs sensés représenter deux proues de pirogues polynésiennes, volontairement décalés et ouverts sur un vide formant une croix de Lorraine. La croix de Lorraine, symbole de la France libre est également le symbole de ce grand général et ancien président de la république française. Le décalage des deux blocs symbolise, d’après l’architecte, la carrière de De Gaulle toujours à la croisée de mouvants s’opposants, mais qu’il réussit à chaque fois à réunir.

Une œuvre qui brille par sa simplicité mais qui a été un peu difficile de faire accepter car les anciens de la Marine voulaient y rajouter une ancre et ceux de l’aviation, une hélice.

Un monument surnommé le « clé à molette »

Un concours a été lancé par Rodolphe Weimann pour trouver un nom à ce monument. Le nom « clé à molette » a fait l’unanimité, car l’oeuvre ressemble beaucoup à cet outil de mécanicien. Un nom prédestiné car le monument a déjà été déboulonné deux fois.

Monument de Gaulle, dit "la clé à molette" avenue Bruat en 1995 © Tahiti Heritage

Le monument de Gaulle en bas de l’avenue Bruat en 1995

La clé à mollette, monument Charles de Gaulle, avenue Pouvana'a a Opa en 2015

Le monument Charles de Gaulle, avenue Pouvana’a a Opa en 2015

La clé à molette déboulonnée

A cette époque les indépendantistes voyaient d’un très mauvais œil ce monument à la gloire du Général et le maire de Papeete qui ne voulait surtout pas prendre part au conflit a refusé que l’on le mette sur un terrain communal. Un terrain d’entente fut trouvé et le monument s’installa sur un terrain du Port autonome, en bord de mer en bas de l’avenue Bruat (photo 2).

En 2000, le monument est déplacé place Tarahoi, soit disant provisoirement, pour permettre l’édification en bas de l’avenue Pouvanaa Oopa, de la place Jacques Chirac. Chirac évinçant De Gaulle, tout un symbole !

La clé à molette  a séjourné une quinzaine d’années devant la résidence du Haussaire (photo 1) avant d’être, en mai 2015, de nouveau déboulonné pour revenir avenue  Pouvanaa Oopa, entre les deux bâtiments du haut Commissariat (photo 3). Mais ce monument qui brillait par sa sobriété a été alourdi par de grosses et horribles ailes noires, lui donnant un air de monument aux morts.

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Sources :

Enzo Piccolini oct 2009 – Rodolphe Weimann, architecte, juillet 2015