J’ai eu beaucoup de mal à connaître l’histoire de cet obélisque situé à Avatoru (Rangiroa), raconte Olivier. Les habitants le côtoyaient régulièrement, mais personne ne pouvait dire ce qu’il représentait sauf qu’il servait de balise topographique.

Enfin en 2003, un vieux d’Avatoru qui habitait en bordure du lagon de Rangiroa, me raconta cette étonnante histoire.

Un monument pour promouvoir l’émancipation et l’émulation des femmes des Tuamotu

Ce monument, un simple obélisque en corail de deux mètres chapeauté d’une sphère, badigeonnée de chaux a été construite en 1931 par les mamas de Rangiroa afin de promouvoir l’émancipation et l’émulation des femmes des Tuamotu. Pour cela, elles ont choisi comme symbole l’une des plus grandes héroïnes de l’histoire française, dont les prouesses et la vertu sont honorées par tous, Jeanne d’Arc.

Portrait de Jeanne d'Arc, selon une miniature du XV° siècle, musée de Rouen.

Portrait de Jeanne d’Arc, selon une miniature du XV° siècle, musée de Rouen.

Lorsque l’on demanda à notre interlocuteur de nous préciser la date de l’édification du monument, il ne répondit pas mais partit chercher un sceau d’eau et une éponge et demanda de le suivre. Une fois arrivé, il s’agenouilla au pied de l’obélisque et commença à frotter vigoureusement, avec l’éponge gorgée d’eau, le socle recouvert d’une multitude de couches de chaux. En effet chaque année, on badigeonnait le monument d’une couche de chaux pour qu’il retrouve sa blancheur. Notre homme essayait vainement de dissoudre la chaux pour faire réapparaitre la date qui avait été sculptée dans la pierre. Mais cela n’allait pas comme prévu et il se mit à vociférer férocement car le monument avait été recouvert de peinture glycérophtalique étanche au lieu du traditionnel chaulage soluble à l’eau.

Une femme qui sait se faire respecter

Jeanne d’Arc, continue de se faire respecter par les tane (hommes) de Avatoru. Il y a quelques années un automobiliste bien éméché a percuté ce monument. Devant ce manque de respect, la boule de Jeanne d’Arc est tombée violemment et a pourfendu le capot de sa voiture.

La boule du sommet du monument de Jeanne d’Arc

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Sources :

Olivier Babin 2003