Le temple protestant de Paofai à Papeete, est en quelque sorte le cœur de l’Église Évangélique de Polynésie Française. Il a été érigé en 1981 sur le site de la première petite chapelle en bambous et feuilles tressées construite par le fondateur de Papeete, le révérend Crook. Le temple a été baptisé Siloama en 1869, mais on l’appelle le plus souvent Tiroama. Ce nom tahitien correspond à l’hébreu Siloe, du nom d’un bassin de Jérusalem où Jésus guérit un aveugle.

Le temple protestant de Paofai à Papeete en 1905

Le temple protestant de Paofai en 1905 et le presbytère à droite.

Le temple protestant de Paofai à Papeete en 1907

L’ancien temple en bois (à gauche) et le nouveau temple de Paofai en 1907.

Le temple de Paofai en 1908

Devenu trop petit pour les 5 000 habitants que compte Papeete, un nouveau temple est inauguré le 17 juin 1908, qui reste toutefois de proportions modestes avec ses 225 m2. Le nouvel édifice est construit juste derrière de l’ancien temple qui à cette époque jouxtait la résidence du consul britannique George Pritchard, à l’emplacement actuel du foyer des jeunes filles.

Le temple de Paofai en 1981

Le petit temple ne répond plus aux besoins de la communauté protestante et un nouveau temple est construit d’après les plans de l’architecte Rodolphe Weinmann. Sa surface est triplée 775 m2 et peut accueillir 1 800 fidèles. La première pierre sera posée le 25 décembre 1979 et le nouveau Siloama sera inauguré en grande pompe en 1981. L’édifice s’inspire de l’ancienne construction, dans la tradition des temples évangéliques. La flèche de l’ancien temple a d’ailleurs été précieusement déposée et restaurée pour couronner le nouvel édifice.

Une prédication qui garde tout son sens

C’est au pasteur Jean Adnet que revient la prédication. Des paroles musclées qui restent d’une étonnante actualité :

Les chrétiens polynésiens ne doivent pas être aveuglés sur le fait que la Polynésie est désormais ( …) engagée dans une évolution irréversible, qu’elle est constituée d’une population multiraciale et pluriculturelle. Elle doit donc faire preuve d’une grande inventivité pour être présente à la vie de tous les hommes de ce pays. L’Eglise doit veiller à ce que ni son message, ni son action ne se sclérosent en évitant qu’elle soit confondue avec une ethnie particulière, une culture unique, des intérêts d’une classe sociale, ou encore ceux d’un pouvoir politique et économique qu’il soit de l’intérieur ou de l’extérieur .

Après avoir mis en garde les protestants, les invitant à ne pas confondre développement spirituel et développement économique, le pasteur Adnet poursuivra :

 » L argent peut devenir une malédiction quand il rompt la solidarité d’un peuple des familles quand il durcit le cœur et que la convoitise conduit l’homme à trahir les valeurs morales et spirituelles essentielles « 

Tenue blanche de rigueur au culte

Intérieur du temple de Paofai. Photo Sbragnar
Intérieur du temple de Paofai. Photo Sbragnar

A l’office du Dimanche, on entend des hymnes magnifiques chantés avec ferveur par une foule de fidèles vêtus de leurs habits du dimanche et coiffés de magnifiques chapeaux de fibres végétales.

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Sources :

Philippe Mazellier. Mémorial polynésien vol. 2, tome 4 p 428
Rodolphe Weimann, architecte, Archives personnelles
Église protestante ma’ohi.