Le village de Tautira est situé sur la cote Est de la presqu’île (Tahiti Iti), à 18 km de Taravao et à 80 km de Papeete, fut longtemps l’un des plus importants districts de Tahiti.

Tautira, dont le nom signifie « mât posé », s’appelait autrefois Fatu-tira (« maître des mâts ») . C’est à Tautira que l’on construisit le premier marae des îles du Vent, dédié à Oro, le marae Taputapuatea. En décembre 1768, le chef de Tautira Vehiatua Ier, vassal du chef Amo de Papara, vainquit ce dernier à Papara et proclama l’indépendance de la presqu’île de Taiarapu.

En 1773, Vehiatua défit les troupes de Tutaha, chef de Punaauia qui avait attaqué dans l’isthme de Taravao. Tutaha fut vaincu mais les Taiarapu ne profitèrent pas de leur victoire qui, cependant, leur aurait permis d acquérir la suprématie sur toute l’île.

La presqu'ile de Tautira en 1875. Carte marine 1881. Coll. Bambridge

La presqu’ile de Tautira en 1875. Carte marine 1881.

1772 – 1775. Les espagnols

Tautira vit passer plusieurs navigateurs explorateurs, comme le français Bougainville (1768), les anglais Wallis (1767) et Cook (1769) et l’espagnol Domingo de Bonechea (1772).

Lorsqu’il apprit le voyage de Wallis, Don Manuel Amat, vice-roi du Pérou, résolut à son tour d’envoyer une expédition à Tahiti afin d’y envisager les possibilités d’un établissement, et la frégate Aguila, commandée par Don Domingo de Boenechea, mouilla à Tautira le 19 novembre 1772.

Après un séjour d’un mois à Tahiti, l’expédition effectua le relevé des côtes de l’île et recueillit une foule d’observations sur le pays et les mœurs de ses habitants. Puis elle regagna l’Amérique, le 20 décembre 1772, emmenant à son bord quatre Tahitiens.

Le 27 novembre 1774, les Espagnols revinrent à Tautira une seconde fois dans le but de christianiser l’ile et le chef Vehaiatua II leur céda un terrain à l’emplacement de l’église actuelle. Puis ils érigèrent une grande croix en bois,

Bientôt, les habitants commencèrent de leur faire subir toutes sortes de tracasseries, multipliant les vols et les injures. Pour comble de malheur un Tahitien néophyte, Thomas, sur lequel on avait fondé beaucoup d’espoir, quitta la mission et apostasia. Aucun indigène ne s’étant converti, les religieux se découragèrent et, lorsque la frégate Aguila revint pour la troisième fois, le 12 novembre 1775, ils se firent rapatrier par le commandant D. Cahetano de Langara.

Le village de Tautira en 1900. Photo FRANOM

Le village de Tautira en 1900. Photo Franom

Famille de Tautira devant son fare en 1900.

Famille de Tautira devant son fare en 1900.

1975 – Les pirogues de Maire Nui

Les piroguiers de Maire-Nui de Tautira ont dominé pendant trente ans la course de pirogues à Tahiti. Les hommes, ainsi que les femmes remportaient pratiquement toutes les victoires dans toutes les catégories. En 1975, lors de la première participation tahitienne à la course de Moloka’i, à Hawai’i, Maire nui obtient la seconde place au classement général et la première de la catégorie «fiber glass». L’année suivante, ils accèdent à la première place de la prestigieuse catégorie Koa, pirogue taillée dans un seul tronc d’arbre de Koa. Ils resteront invaincus pendant deux ans.

En 1977, c’est la victoire en Californie sur un parcours de 120 kilomètres. Victoires historiques de ceux que les jeunes Hawaïens, super entraînés, avaient surnommés les « old men » parce que la moyenne d’âge de l’équipe était de plus de 40 ans. Les rameurs de Maire nui portaient fièrement les couleurs verte et blanche de leur formation avec leurs pareo noués autour des reins, la couronne de maire (fougère) parsemée de tiare Tahiti (fleur endémique) et à la main la traditionnelle rame tahitienne, la puissante hoe ‘äfaro, blanche, barrée d’un trait horizontal vert.

Au travers de Maire nui, c’est toute une population qui donnait à la course de pirogues une dimension communautaire, religieuse et culturelle. Maire nui était le symbole de l’effort collectif auquel tous les membres de la communauté de Tautira étaient associés.

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Sources :

Photo 1 : Ancienne carte de Tautira (coll. Bambridge)
Photos anciennes : Collections Tahiti Heritage et Vahineitaria.