Les mégablocs sont des fragments calcaires arrachés à la crête récifale des atolls, souvent associés à des zones de fractures visibles sur le platier récifal, puis déposés sur le platier, à différentes distances en fonction de leur taille. Ces blocs de calcaires sont de dimensions métriques à décamétriques et pesant de la tonne à plusieurs milliers de tonnes. 

L’origine des mégablocs est aujourd’hui encore sujet à controverse. Les hypothèses émises se basent sur différents postulats :

  • Du fait de la taille importante de mégablocs, l’énergie mise en jeu est considérable et ne peut s’expliquer que par un phénomène exceptionnel ;
  • Les mégablocs sont de forme anguleuse ce qui laisse supposer leur soulèvement puis leur déplacement et non un roulage au niveau du platier ;
  • Pour être arrachés au front récifal, les mégablocs doivent être cassés avant d’être transportés, ce qui ne peut se faire qu’avec un creux de vagues conséquent permettant leur détachement sous l’effet de leur poids ;
  • Les traditions orales de Rangiroa ont enregistré une catastrophe soudaine et brutale qui détruisit la plus grande partie de la façade Ouest et Sud-Ouest de l’atoll. Pour cet événement, les traditions précisent : « Sous le soleil mettant des éclairs éblouissants dans le creux des immenses vagues ». Cette légende est également appelée Légende du beau temps. La datation généalogique reconstituée de cette légende situe le cataclysme au XVIème siècle.

Trois hypothèses majeures se dégagent sur les causes de l’arrachement et du déplacement :

  • Très forte houle associée ou non à un cyclone : bien qu’elle puisse être à l’origine de blocs sur platier de petite taille, cette hypothèse est cependant difficilement compatible avec le postulat de l’arrachement des mégablocs, les creux de vagues engendrés étant insuffisant. Par ailleurs, comment expliquer que le marae situé sur le motu à l’arrière de la zone de mégablocs de Rangiroa est pu être préservé ? De plus, la forme anguleuse des blocs ne peut être obtenue par roulage sur le platier. Enfin, la théorie du beau temps exclue toute possibilité de houle cyclonique.
  • Tsunami : c’est l’hypothèse qui a longtemps primé. Cependant les modélisations détaillées de l’impact des houles de tsunamis montre qu’un tel évènement ne serait pas amplifié sur l’archipel des Tuamotu du fait des pentes sous marines très raides.
  • Chute d’une météorite : c’est l’hypothèse qui prime aujourd’hui. Il est envisagé un événement à conséquence régionale car il ne peut avoir des conséquences mondiales du fait qu’aucune trace n’a pu être trouvée auprès d’autres populations du Pacifique.

L’ensemble des hypothèses ci dessus supposent une énergie colossale mise en jeu donc liée à un événement exceptionnel qui se serait déroulé  vers 500 BP ce qui est compatible avec la légende du beau temps issue des traditions orales polynésiennes.

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Sources :

SPI INFRA - mai 2007