Tahiti Heritage

Curcuma – Rea Tahiti, une racine aux mille vertus

Curcuma longa, Rea Tahiti, Tumeric © Tahiti Heritage

Curcuma longa, Rea Tahiti, Tumeric © Tahiti Heritage

Le Curcuma ou Rea Tahiti est une plante dont le rhizome est utilisé depuis fort longtemps en Polynésie comme épice, mais également comme plante médicinale et pour colorer en jaune les tapa (tissus végétaux).

Le nom « curcuma » provient du mot arabe kurkum, qui signifie jaune. Egalement appelé Safran des Indes ou Turmeric, il est de la même famille que le Gingembre (Rea tinito).

Le Curcuma est une plante herbacée de 1 m de hauteur avec de longues feuilles en forme de lance qui se dessèchent au bout de huit mois. Ces feuilles servent de berceau à un épi d’où sortent de minuscules fleurs à pétales jaunes.

Les racines forment de longs filaments tortueux et velus qui se terminent par des rhizomes de couleur orange. Ce sont ces rhizomes qui sont utilisés frais ou séchés et transformés en poudre.

Un rhizome orange

Fleur de Curcuma longa

Fleur de curcuma

Latte d’oro, Golden milk

Poulet au curcuma. 

Une épice très aromatique

En cuisine, le curcuma sert à relever les goûts et à colorer les plats. C’est une épice très aromatique à la saveur légèrement poivrée et un peu musquée, avec un goût piquant un peu amer. Dans la cuisine polynésienne, il est râpé frais et souvent mélangé avec du lait de coco, pour les currys ou les recettes traditionnelles de crabe vert ou de poulet au rea. Le curcuma est souvent incorporé dans des smoothies naturels locaux à base de plantes et de fruits, aux vertus médicinales, énergisantes ou de détoxication. Il est généralement associé avec du poivre qui augmente ses effets.

Le curcuma, une vieille plante médicinale

Les vertus thérapeutiques multiples du curcuma sont utilisées depuis longtemps en pharmacopée traditionnelle chinoise, indienne et polynésienne. L’effet antibactérien puissant de la curcumine, lui permet de soigner les blessures les brûlures et les ecchymoses par simple saupoudrage sur la plaie. C’est un très bon antioxydant, un anti-inflammatoire et un antalgique puissant qui traite les douleurs dues à l’arthrite et au rhumatisme. Il stimule le foie, les sécrétions biliaires, traite l’acidité gastrique et autres troubles digestifs, atténue les nausées, soulage les douleurs de l’estomac. Il abaisse le cholestérol, et fluidifie le sang. C’est pourquoi, il est préférable de ne pas l’associer à des médicaments anticoagulants.

Une plante tinctoriale qui donne un jaune-chrome

A Tahiti et aux Marquises, le tubercule de curcuma était largement employé, jusqu’à une époque récente, pour teindre les vêtements. La couleur obtenue, jaune-chrome, était de toute beauté. Au cours des cérémonies païennes, avant la propagation du christianisme, les jeunes gens et les jeunes filles qui prenaient part aux danses rituelles devaient s’enduire le corps d’une teinture dont la préparation, accompagnée de diverses cérémonies, était réservée à de vieux indigènes, opérant en pleine brousse, et loin des villages.

Ils râpaient des racines fraîches de curcuma, qu’ils faisaient macérer dans de l’huile de coco, en y ajoutant quelques herbes aromatiques. Quand l’huile s’était suffisamment chargée du principe colorant, il ne restait plus qu’à filtrer et à distribuer le liquide aux danseurs. Ceux-ci, une fois les danses terminées, avaient beaucoup de peine à se débarrasser de cette couleur, malgré des bains fréquents.

Les plantations de curcuma sous contrôle

Le Père Laval dans son Histoire ancienne d’un peuple polynésien, décrit les préparation du Curcuma aux îles Gambier :

Aux îles Gambier, les plantations de rega (curcuma) étaient contrôlées par les taura-rega (sorcier guérisseur). Quand le rega fleurissait, les racines étaient lavées puis mise en fécule au moyen d’un instrument en tresse de coco. La fécule passait par plusieurs eaux puis se déposait et devenait dure, avant d’être bonne à la cuire.
Pendant tout le temps que durait ce travail, les nuits se passaient à chanter en l’honneur des dieux, et tous devaient observer la continence.
On savait si la cuisson avait réussi, quand le taura-rega soufflait par le trou percé au fond du récipient. Si en le renversant sur une pièce de tapa blanc et en soufflant, la fécule se détachait facilement du récipient, la cuisson était parfaite ; sinon elle était manquée et une honte lourde à porter retombait sur ceux à qui le rega appartenait, car ils passaient pour avoir eu parmi eux quelqu’un qui n’avait pas vécu chastement pendant le temps prescrit.

Commentaires

Sources :

Père LAVAL, Histoire ancienne d’un peuple polynésien p 6.
Paul PETARD, Plantes utiles de Polynésie française. Ed Haere Po No Tahiti
Olivier BABIN, Curcuma – Rea Tahiti, une racine aux mille vertus. Fenua TV n°48

Recettes :
Turmeric chicken and cracked baby. ingoodflavor.com
La vera ricetta del latte d’oro, coccola alla curcuma. lifegate.

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