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Matarii, les Pléiades et le cycle sacré de l’année polynésienne

Peinture de Sarahina illustrant Matarii, la période d'abondance

Peinture de Sarahina illustrant Matarii, la période d'abondance

Les anciens Polynésiens accordaient une importance considérable à l’apparition de la constellation des Pléiades, connue sous les noms Matarii, Matari’i ou Mataiki. Ce repère céleste était associé à la vie, à l’abondance et à la fertilité, et rythmait profondément l’organisation sociale, économique et spirituelle de leurs communautés.

L’année polynésienne : un cycle fondé sur Matarii

L’année traditionnelle polynésienne était divisée en deux grandes saisons, appelées tau ari’i ou « périodes royales ». Ces deux temps majeurs dépendaient entièrement de l’apparition ou de la disparition des Pléiades.

Matarii i ni’a : la montée des Pléiades (vers le 20 novembre)
Ce moment marquait le début de la saison d’abondance, appelée tau ‘auhune. Avec le lever héliaque des Pléiades, la nature entrait dans une phase généreuse propice à l’alimentation, aux récoltes et à la vie sociale.

Matarii i raro : la descente des Pléiades (vers le 20 mai)
La disparition des Pléiades annonçait l’entrée dans la saison de disette, tau o’e. Les ressources naturelles se faisaient plus rares, ce qui influençait directement les usages, les comportements et les activités humaines.
Le passage d’une saison à l’autre constituait un moment charnière de la vie ancienne, marqué par des rituels majeurs et des cérémonies communautaires.

La saison d’abondance, tau ‘auhune

Un temps de fertilité et d’opulence naturelle
Avec Matarii i ni’a, la pluie revenait, les sols s’enrichissaient et les végétaux proliféraient. Les fruits, légumes et tubercules – piliers de l’alimentation polynésienne – étaient disponibles en quantité accrue.
Cette période coïncidait également avec la reproduction de nombreux poissons des récifs et des lagons, offrant à la population une source de nourriture plus abondante. Dans un environnement insulaire isolé, totalement dépendant de ses ressources naturelles, ce regain représentait une bénédiction.

Un temps de célébrations
Le tau ‘auhune était aussi un moment de réjouissances et de rassemblements. Pendant six mois, la société polynésienne vivait au rythme de l’abondance, dans un climat de paix et de festivités.

La saison sèche de la disette, Tau o’e

Une période de restrictions et de préservation
À partir du 20 mai et avec Matarii i raro, le tau o’e s’installait. Durant cette période plus austère, les chefs imposaient régulièrement des rahui, des zones ou des périodes de restriction de pêche. Ces mesures protégeaient la biodiversité marine et garantissaient l’équilibre des ressources.

Le retour de la guerre
Contrairement au tau ‘auhune, période où les conflits étaient interdits, la saison de disette autorisait à nouveau les affrontements entre groupes. La rareté des ressources générait parfois des tensions, amplifiant l’importance des règles et des symboles liés à Matarii.

Matarii dans l’art : Hina, Taaroa et l’opulence du Uru

Dans l’œuvre de Sarahina inspirée de Matari’i, la déesse de la lune Hina enlace Taaroa, le dieu créateur. Ce dernier est aussi le dieu du Uru, le fruit de l’arbre à pain, symbole emblématique de fertilité et d’abondance. Cette représentation illustre la puissance symbolique de Matarii, moment où s’ouvre la période d’opulence et d’équilibre pour la communauté.

Commentaires

Sources :

William Ellis, A la recherche de la Polynésie d’autrefois, vol 1, Paris, S.O. N°25, 1972
Teuira Henry, Tahiti aux temps anciens, Paris, S.O. N°1, 1993, p.234.
Sabrina Levy Birk , Notes sur Matari’i – Louis Cruchet, ciel.polynésien.free.fr
IA 20 nov 2025
Illustration Sarahina : sarahina.over-blog.com/

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