Tahiti Heritage

Haurii, la vallée secrète du tatouage à Tubuai

Atelier de préparation de l’encre de tatouage de Haurii - Tubuai. Raymond Graffe au centre et Tainoa Hauata à droite

Atelier de préparation de l’encre de tatouage de Haurii - Tubuai. Raymond Graffe au centre et Tainoa Hauata à droite

C’est lors d’un d’un séjour qu’effectuaient Raymond Graffe et Olivier Babin à Tubuai en mai 2006, que Tainoa Hauata, un matahiapo (sage, ancien), est venu les chercher pour  leur montrer son petit jardin secret comportant d’anciens ateliers de tatouage.

Dans la petite vallée Haurii, au Sud Ouest de l’île de Tubuai, sont disséminés dans la nature, le four pour faire brûler les noix de bancoul, l’atelier de préparation de l’encre de tatouage et plusieurs ateliers de tatouage spécialisés pour chaque partie du corps humain.

Atelier de préparation de l’encre de tatouage

En haut de la petite vallée, se trouve la zone de préparation de l’encre au milieu de plusieurs pieds de Ti’a’ri, Bancoulier. A coté les vestiges du four dans lequel on chauffait les noix de bancoul, pour récupérer du noir de fumée.

Plus bas, on aperçoit l’atelier de préparation de l’encre de tatouage constitué de plusieurs umete en pierre. L’umete est un récipient en forme de bol permettant de recevoir des produits liquides. Il est en bois ou comme c’est le cas ici, taillé à même la roche. Dans les cuvettes creusées dans la pierre on préparait l’encre de tatouage en mélangeant la suie des noix de bancoul brûlées avec de l’eau ou du monoï (huile de coco). Une fois introduite sous le derme, la substance prenait une teinte bleue.

Atelier de préparation des encres pour le tatouage à Haurii - Tubuai © Tahiti Heritage

Ateliers du tatouage du visage et des pieds

L’atelier pour le tatouage du visage est composé de trois pierres, le siège du tatoueur à gauche, un umete en pierre avec une cavité pour recevoir l’encre au centre, et plus à droite une pierre polie pour sur laquelle la personne à tatouer reposait confortablement sa nuque pendant le tatouage de son visage (photo 3). L’atelier pour le tatouage des pieds comporte une grande pierre plate de 60 cm de longueur creusée d’une cavité conçue pour recevoir le membre à tatouer (photo 4) .

Pierre pour le tatouage des pieds à Haurii 

Pierre pour le tatouage des pieds à Haurii 

L’opération de tatouage s’effectuait à d’aide de peignes à tatouer, sorte d’herminette dont l’extrémité était constituée de dents acérées, taillées dans des dents de poissons ou des os d’oiseaux. Un maillet servait à marteler le manche de l’herminette afin que le colorant pénètre sous la peau. Aujourd’hui, pour des questions d’hygiène, cette ancienne technique de tatouage n’est plus utilisée.

Ateliers du tatouage du sexe

Un peu à l’écart près d’une source rafraîchissante, se cache au milieu des roseaux l’atelier pour le tatouage du sexe masculin (photo 5). Il est constitué principalement d’une pierre sculptée de 50 cm de longueur avec différentes cavités creusées pour poser les attributs mâles lors des séances de tatouage.

Pierre pour le tatouage du sexe masculin à Haurii 

La petite source de Haurii 

Les hommes pouvaient être tatoués de la tête aux pieds à l’aide des motifs quelquefois irréguliers tels des lignes courbes, des cercles concentriques ou encore des damiers. Le tatouage du sexe masculin était rarement pratiqué, car difficile à réaliser en raison de sa morphologie et surtout la forte sensibilité de cette zone.

Non loin de là, à coté de la source qui permettait de rafraichir ses attributs fraichement décorés, a été judicieusement planté des pieds de kava (Piper methysticum) d’une variété à fleurs permettant de préparer une potion pour moins ressentir la douleur des aiguilles.  Les fleurs une fois séchées étaient roulées pour être fumées.


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Sources :

Tainoa Hauata – Raymond Graffe et Olivier Babin 05/2006


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