Respect et sécurité. A Hao, une seule passe profonde mène au lagon. Elle s’appelle Kaki (le Cou), et les courants sont très violents. C’est un grand lieu de pêche pour les oiseaux de mer, et les frégates, pareilles à des aéroplanes ennemis, attendaient en les surveillant de très haut. Lorsque les oiseaux de mer avaient attrapé quelque chose et reprenaient le chemin du retour, les pirates de l’air fondaient sur eux comme des éperviers. Effrayés, les oiseaux régurgitaient le poisson et les frégates se saisissaient au vol de la proie avant qu’elle soit retombée à l’eau.

C’est la passe de Tehuriga, le courant du récif et de Marupua le courant central.

Une légende dît que l’on doit demander à la déesse Kaki l’autorisation de franchir la passe et les quelques aventuriers qui passèrent outre ou blasphémèrent se sont retrouvés à l’eau. D’autres pêcheurs par contre dont le bateau allait être projeté sur les récifs par la mer démontée ont appelé la déesse qui est venu les secourir.

Un ancien du nom de Te Uira confia en 1950 le chant de la passe Kaki :

Kaki I Oui, c’est moi Kaki,
Le Cou avec un étroit gosier,
Irrégulièrement dilaté par les besoins de la faim.
L’intérieur de notre ancêtre féminin Tiaki est vide.
Mon souffle sort en halètements précipités,
Tellement j’ai peu de temps pour me reposer.
Hélas ! Mes entrailles sont remuées tandis que les marées agitées
Enflent leurs lames houleuses le long de ma passe.
Mes poissons de dirigeant tranquillement vers les vaguelettes
En levant des yeux affamés, Attendent les débris nourriciers venant du lagon,
Qui flottent vers la mer A la surface des eaux pointillées.
Mais quel est cet oiseau
Qui lui aussi attend là-haut impatiemment
Prends garde ! C’est l’oiseau-frégate,
Le rapace au plastron étincelant.

N’oubliez pas le « mot de passe » avant de vous aventurez dans ces eaux tumultueuses.

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Sources :

CAILLOT Mythes et légende de Polynésie 1912
TE UIRA 1950 le chant de la passe Kaki 1950
BUCK P.H. (TE RANGI HIROA) PAYOT Paris 1952 – Les migrations de polynésiens p 175
Marie-Odile 2011