En parcourant Tahiti, en 1939, un touriste s’étonne devant ces étranges arbres à bracelet :

Tous les cocotiers de Tahiti, du moins dans les plantations bien tenues, sont agrémentés, à hauteur d’homme, d’un bracelet en zinc. Le bracelet a le calibre qu’il convient à un poignet de cette taille. Il est large de 40 centimètres environ. A quoi sert ce joyau ?  Je l’ai regardé de près pour voir s’il ne portait pas une étiquette, un nom. Dame ! un cocotier, cela rapporte. C’est la seule richesse de ce pays ; mais non, le bracelet est anonyme. J’ai questionné ; on m’a répondu – C’est à cause des rats.

Tahiti est infestée de ces rongeurs qui sont très friands de noix de coco. Comme grimpeurs, ils valent les Tahitiens ; mais, plus travailleurs que ces derniers, qui attendent que le fruit leur tombe à portée de la main, ils n’hésitent pas à faire l’ascension de l’arbre. Sur le zinc, les griffes des rats n’ont pas de prise. La plaque de métal constitue un no rat ‘s land infranchissable. Voilà pourquoi tous les cocotiers de Tahiti portent un bracelet. Il paraît, cependant, que certains rongeurs réussissent à sauter par-dessus. Le tour est joué. Ils se régalent en se fichant, probablement, des compères moins audacieux qui sont restés en bas. Mais il faut descendre…

A la descente, rien à faire pour se rattraper. C’est le saut dans l’inconnu. Si le grimpeur n’est pas aussi bon sauteur, qu’il tombe sur son échine c’est au tour des rats prudents de rigoler. Lorsque le bracelet est cloué assez haut, on trouve, parfois, au pied du cocotier, de petits cadavres noirs aux dents aiguës

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Sources :

Louis-Charles Royer, Femmes tahitiennes 1939