Les Badamiers (Autera’a popa’a) de la fameuse ligne droite de Papara ont été plantés par les prisonniers qui étaient trop heureux de sortir de leurs geôles. On leur offrait du pain et de la citronnade et en travaillant chantaient cette mémorable mélodie :

Une nuit d’amour
quatre jours de prison…

Mais le travail était éprouvant car, à l’époque, les moyens mécaniques n’existaient pas et il fallait creuser les trous à la pioche et à la pelle en plein soleil. Lors des quelques moments de pause, ils recherchaient l’ombre sous les petits pamplemoussiers et orangers avoisinants.

Des années plus tard, lorsque les vélos et vespas ont remplacés les calèches à chevaux, de nombreux accidents ont eu lieu le long de cette ligne droite désormais ombragée. Des conducteurs de deux roues qui circulaient, c’est vrai souvent à vive allure, se sont retrouvés sans comprendre à terre, au pied de ces badamiers. Quelques uns moins chanceux ont même embrassé un peu durement ces arbres qui étaient devenus bien gros. Dans ce district, on chuchotait qu’un tupapa’u (fantôme), perturbé par le bruit et la vitesse de ces engins, bousculait les deux roues trop rapides et les envoyait dans le fossé.

La rumeur était persistante, jusqu’au jour ou l’on fit le rapprochement entre les victimes qui ne portaient pas de casque et que les accidents se produisaient à l’époque où les fruits, de grosses amandes, étaient mûres et se détachaient de l’arbre. On en conclu que les conducteurs des deux roues, la tête nue, étaient assommés par le choc des amandes des badamiers qui leur tombaient sur la tête.

Commentaires

Sources :

Emile OTCENACEZ