L’atoll de Kaukura au Tuamotu, comptait 210 habitants lors des cyclones de 1983. La vitesse des vents a été comprise entre 150 et 180 km/h dans les rafales pour les trois premiers cyclones. Elle a atteint 200 km/h lors du quatrième mais ne paraît pas avoir dépassé 120 km/h lors du cinquième.

Une méconnaissance profonde des cyclones

Une enquête effectuée après ces cyclones de 1983, a révélé la méconnaissance profonde du phénomène de cyclone par les adultes de l’atoll de Kaukura pourtant informés par la tradition orale de la destruction du village par le cyclone de 1906. Les consignes de protection diffusées avant le cyclone Orama (février 1983), qui fut le premier ressenti et le plus dévastateur de la série, n’ont pas été appliquées dans leur intégralité. Les habitants ont déclaré avoir ressenti qu’un très fort coup de vent, faute de l’expérience d’un phénomène d’ampleur analogue au cours de leur vie. Les bateaux ont bien été tirés au sec et quelques habitations haubanées mais aucune provision d’eau et de nourriture n’a été effectuée. De même ce n’est seulement après le début du cyclone, et alors que les destructions se multipliaient, que le maire (dont l’autorité administrative se double de l’autorité religieuse conférée par sa fonction de diacre de l’église catholique), décide que la population se réfugiera dans l’école dont le bâtiment récent paraît le plus propre à résister. Dix personnes s’abriteront toutefois dans l’église catholique et ne la quitteront que juste avant la désintégration du bâtiment.

Si l’expérience a été salutaire, une majorité estime que de nouveaux cyclones ne se produiront pas avant très longtemps. Parmi eux, le maire, qui n’hésite pas à pronostiquer une périodicité de 77 ans fondée sur la succession 1906-1983. La plupart des autres, il est vrai, demeurent dans l’incertitude.

Le cyclone est un acte de Dieu

A peine plus de 10 % des habitants attribuent une origine naturelle aux cyclones. (en 1983)

Pour les autres, la relation, établie avec Dieu, est ambivalente : les catholiques âgés y voient une punition directe résultant d’infractions répétées aux lois chrétiennes. Plus nombreux sont ceux qui, écartant l’idée d’un Dieu vengeur, estiment simplement qu’un respect plus strict des «principes chrétiens» pourrait diminuer la probabilité de voir l’atoll touché par un cyclone.

Pour les fidèles de l’église Sanito, la soumission est le corollaire de la perception du phénomène comme acte de Dieu, mais en même temps l’intervention divine peut être positive, en réponse à la foi et aux prières. Les leurs auraient écarté de Kaukura un autre cyclone, et la volonté divine se serait clairement manifestée par un signe (un arc-en-ciel rouge).

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Sources :

Roy WITHERS, Université de Waikato (Hamilton, Nouvelle Zélande) 1983
Dessin revue L’illustration Paris