L’histoire ancienne

L’île de Makatea aurait été découverte, selon la légende, par le grand guerrier Tu envoyé par le roi Pomare de Tahiti en mission à Tikehau. Il ne se serait pas arrêté mais aurait surnommé ce rocher Ma’a tea, « poussière de clarté ». Son fils, Tuanaroa, serait revenu bien des années après en prendre possession au nom de son roi et l’aurait nommé l’île Papa tea, le rocher blanc.

D’autres sens donnés au nom de l’île alimentent la légende : pierre soulevée et jetée sur l’océan, pierre blanche, visage aux yeux lointains car on raconte que les gens de Makatea avaient les yeux très écartés, le visage de Atea (divinité des temps anciens, le « dieu blanc »).

Les navigateurs européens

  • Makatea est peut-être l‘île Sagittaria que le navigateur espagnol Quiros (1565-1614) aperçut le 13 février 1606.
  • Le 2 juin 1722, le navigateur hollandais Roggeven aborde  Makatea, et la nomme Eyland van Verkwikking, l’île de la Distraction.
  • le 6 novembre 1774, les deux navires espagnols « L’Aguila » et « Le Jupiter » commandés par Don Domingo de Bonechea passent « en vue d’une île qu’on nomma San-Diego…que les naturels appelaient Matea » . Mais, Don José Andia y Varela, le commandant « Jupiter » détourna son navire pour déposer sur l’atoll de Makatea sa fille mourante qu’il confia aux bons soins des habitants. Cette histoire est la base véridique de la légende de la princesse espagnole de Makatea.
  • En février 1803, le britannique John Turnbull visite Makatea qu’il nomme  Maka Tableland.
  •  En 1812, Makatea était un bagne.
  • En 1932, Moerenhout nous dit que ses marins qui se rendirent dans l’île pour y faire du bois y trouvèrent des arbres de si grande taille qu’ils ne purent les transporter.
  • Le 9 septembre 1839 l’Américain Charles Wilkes lors de son expédition australe mentionne l’île sous le nom de Metia Aurora Island.
  • Plus tard, les Polynésiens l’ont appelé le « Papa Tea » (qui veut dire « le rocher blanc »)

Vaitepua et Moumu

Le nom du village central Vaitepaua renvoie aux feuilles de cocotier tressée qui servait de réceptacle pour l’eau de pluie aux temps anciens.

Le nom du village situé sur la côte la plus vulnérable au vent et à la houle, Moumu, vient de Mou, qui signifie « anéantir » et de Mu qui correspond à « silence ». D’après les récits, des populations vivant à cet endroit au 16e siècle auraient été réduites au silence : par un tsunami ou par une tempête.

Les sépultures anciennes étaient protégées par une pierre noire et brillante (ofa’i) représentant un poisson (i’a) symbole identitaire fort par sa place sur le marae. Le punai’a, pierre dont il suffisait de changer l’orientation pour attirer les poissons, possédait un mana (esprit protecteur) et donnait à l’île prospérité et abondance.

Commentaires

Sources :

Relation d’un voyage à l’île d’Amat ou Taiti et aux isles voisines, exécuté en 1774 par ordre de don Manuel de Amat y Junient, vice-roi du Pérou et du Chili, par la frégate espagnole l’Aguila et la paquepot le Jupiter, sous le commandement de don Domingo de Bronechea, capitaine de l’Aguila ; rédigé par don José de Andia y Varela, capitaine du Jupiter.
Jacques Antoine Moerenhout, JA: Voyages aux îles de l’océan Pacifique, 1796-1879
Julien MAI 2000