Le roi Mahiti, qui régnait en 1857 sur l’île de Reao, avait une prédilection toute particulière pour la chair des petits enfants gras.

Quand il apercevait un jeune enfant bien potelé, il taisait un signe convenu d’avance à un de ses guerriers ; le malheureux enfant était immédiatement abattu d’un coup de casse-tête. On le dépeçait, on le mettait au four, et on le servait au roi. Les parents du petit être le pleuraient bien pendant quelques temps ; mais ils n’en refusaient jamais un morceau, lorsque le roi avait la générosité de leur en laisser un.

Au reste, il faut lui rendre cette justice qu’il ne procédait pas autrement vis-à-vis de ses propres enfants. En 1865, il en tua et en mangea deux. En 1873, il en tua et en mangea trois sur cinq ; il n’épargna que les deux derniers, un garçon et une fille ; mais il n’épargna ces deux là que parce qu’ils étaient, disait-il trop maigres pour lui servir de bonne nourriture.

Il avait un tel embonpoint que lorsqu’il se rendait à un navire européen, il ne pouvait y monter tout seul ; on était obligé de le hisser à bord, comme une caisse de marchandise. La chronique scandaleuse ajoute qu’il faillit un jour étouffer une de ses femmes en accomplissant ses devoirs conjugaux. Il parvint à une extrême vieillesse et mourut tranquillement sur sa natte. Il faut croire que de manger de la chair humaine n’avait nuit à sa santé.

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Sources :

Élèves de l’école Tapuava de Reao, juin 2000 : Directrice Adrienne Teahuotoga et instituteurs Jerry Afo, Poema Marurai et Patricia Teihotu.
Gravure : Atoll de Reao, île de Clermont Tonnerre