Tuki, est un pâté de corail situé à 5 ou 6 mètres du rivage, coté lagon, à Tetamanu, tout au bout de l’atoll de Fakarava. Cette pierre qui mesure  3,00 sur 1,50 m est à quelques dizaines de centimètres sous l’eau et comme l’eau est transparente à cet endroit, elle est bien visible. C’est sur ce rocher Tuki que débute la légende de Heiakiki Marere.

La légende de Heiariki Marere

Il était une fois, une femme au nom de Marere Heiariki, son mari Rua et leurs deux fils. Un jour, comme à l’accoutumée ses deux fils, âgés de 5 et 7 ans, allèrent se baigner à la mer sur un pâté de corail appelé Tuki (photo). Là, ils se baignèrent et s’amusèrent et puis ils se noyèrent. En apprenant la mort de ses enfants, la mère se réfugia sur la plage près du récif toute seule pour se consoler de sa tristesse et de son chagrin. Elle pensait très fort à ses enfants tout en pleurant et serrant ses poings sur son cœur. Elle avait mal, voulut aussi quitter ce monde. Elle maudissait la vie et puis elle s’est endormie sur le sable. Pendant ce temps, son mari Rua et les villageois s’occupèrent des obsèques. C’était une journée très triste pour tout le village.

Puis au milieu de la nuit, un mokorea sorti de son monde souterrain Hawaiki tea raro et apparut devant Heiariki. Elle lui confia ses problèmes et ses intentions de s’enfuir de ce monde. Le mokorea l’invita à venir dans son monde Hawaiki tea raro. Arrivés devant le trou qui reliait les deux mondes, le mokorea lui proposa de sauter la première, mais elle hésita car le trou est recouvert d’eau de mer et elle avait peur de se noyer. Il la prit par la taille et sautèrent ensemble dans ce monde souterrain (Ce trou existe toujours, sur le récif de Tetamanu).

Dans le monde des Mokorea

Arrivés dans le monde des mokorea, où elle pouvait respirer normalement, elle visita les lieux et remarqua qu’à coté de chaque habitation, il y avait des tombes. Sans indiscrétion elle lui demanda, pourquoi elles étaient là. Alors il expliqua que, lorsqu’une femme accouchait, le mari lui ouvrait le ventre avec les ongles et sortait le nouveau-né, et la maman mourait et était enterrée à proximité de leur maison. Heiariki Marere disait, « non ! non ! et non ! » . Avec tout ce qu’elle a enduré, elle revit encore ses fils mourants.

Pendant ce temps, dans l’autre monde, Rua recherchait sa femme Heiariki dans tout le village, sans aucune nouvelle et la croyant morte, arrêta ses poursuites.

Son ami, le mokorea continua de la faire visiter, et en arrivant devant une maison, ils entendirent des pleurs et des cris. On allait effectuer une césarienne et en même temps perdre une maman, alors Marere sans réfléchir se précipita sur le corps de la femme, dégagea le mari et fit un accouchement normal. Le lendemain, la maman sortait avec son bébé dans les bras, et tout le monde était stupéfait. A partir de ce jour, elle devint la sage-femme accoucheuse de ce village. Donc, elle vécut longtemps parmi ces indigènes, leur enseigna à faire accoucher les femmes.

Elle ne mangeait pas avec eux, ils se nourrissaient d’aliments crus et ne voulant pas leur faire changer d’habitude, elle remontait dans son monde Hawaiki tea ruga.

Heiariki rapporte des plantes des îles Hawaii

Pendant une de ses remontées, elle déboucha aux îles Hawaii, là elle a fait ramener des plantes le maire et le pua et les a plantées à Hawaiki tea ruga. Avant de repartir, elle prit d’autres plantes typiques de sa région le ketoketo et le gapata plantes rampantes et arriva à Rurutu. Elle y resta un peu plus de temps avec son ami, qui est devenu son compagnon puis a ramené du ati`. A son retour à Hawaiki, elle planta le ati ou le tamanu et delà vint le nom de Tetamanu qui est le premier village ancien de l’île de Fakarava aux Tuamotu.

Gapata, Nnaupata (Scaevola sericea)

Gapata, Nnaupata (Scaevola sericea)

De retour parmi les siens

Puis, un soir, elle revint dans son village de Tetamanu avec quelques amis mokorea pour faire la fête. Les villageois les ont surpris et mirent le feu pour chasser les mauvais esprits, croyant qu’ils étaient possédés. Ils prirent Marere Heiariki et l’attachèrent à un poteau pour l’exorciser, pendant que ses amis mokorea se sauvaient à toute vitesses dans leur monde.

Et puis, elle resta avec les siens et raconta son histoire à tout le monde, puis de génération en génération jusqu’à aujourd’hui.


Commentaires

Sources :

Histoire racontée par un ancien, Tekurio Mapu, recueillie par les élèves de l’École de Fakarava, classe CP/CE1 en 2000, Maître : M. Huri.
Photo 1 : Pierre Tuki à Tetamanu, Fakarava. © Olivier Babin
Photos 2 et 3 © Tahiti Heritage