Plusieurs chants traitant de l’origine de Anaa racontent que l’atoll de Anaa était à l’origine une formation calcaire qui s’élevant de la roche de fondement apparut la première sortant du Pô. Le sable s’amassa sur elle, et l’ensemble devint une terre sèche. La pluie tomba et les plantes poussèrent. Personne ne l’habitait.

Sept vagues invoquées par le sortilège de Te ipo ‘i te Marama qui façonnèrent l’île de Anaa.
Voici quelle était cette invocation appelée Pure a Te ipo ‘i te Marama  :

Putu ake te ngaru kai ariki ki runga. 
Te ngaru tua, te ngaru i uta. 
Te ngaru i pari ai taku henua ra Nganai. 
Ho atu ki uta i Nganaia.

Déferlants de la mer majestueuse amassez vous,
Vagues du large, vagues du rivage.
Vagues qui encerclent ma terre Nganaia
Donnez une terre à Nganaia.

Après cette invocation adressée à Kai-ariki, la première vague, Teipo’i te Marama chanta pour chacune des six vagues suivantes qui étaient : Te-ipupare, Nganaia, Makikahau, Hutia, Putiare, Ngahaehau.

Te-ipo-‘i-te-Marama qui venait sur la mer accompagnait le fameux navigateur Mapu Teretere dont son embarcation s’appelait Tengohe. Une autre personne Te-ipo’i-te-kura suivait Te-ipo-‘i-te-Marama. Les voyageurs transportaient avec eux la tête décapitée de Puna, l’anguille ou la murène mythique et dès qu’ils débarquèrent la portèrent à terre pour l’enterrer. De cette tête coupée sortit le cocotier, c’est pourquoi il existe un dicton chez les gens de ‘Ana’a qui dit :

Naku iho taku katinga, na taku tupuna, na T e-ipo- i-te-Marama .
Cette nourriture est seulement pour moi car elle vient de mon ancêtre Te-ipo-‘i-te-Marama

Sur la terre nouvellement née de ‘Ana’a se dressait déjà un guerrier, Te Manava, lequel dès qu’il aperçut le groupe descendu de la grande pirogue demanda en s’adressant à Mapu : « Quelle est donc cette embarcation ? »
Mapu répondit : «  C’est l’embarcation de Mapu qui a traversé les sept vagues de ‘Ana’a ».
Te Manava accueillit paisiblement les nouveaux arrivés parce qu’ils étaient originaires de Anaa. C’est ainsi que Mapu Tererere put débarquer à Kakavere dans le district de Tekahora.

Dans cette relation Te-ipo-‘i-teKura qui accompagna Te-ipo-‘i-te-Marama semble être Te-Kura, la mère de Tangihia, ancêtre éponyme du premier ngâti de ‘Ana’a. Paea dit que Te-Kura venait d’un monde supérieur non humain appelé Paparangi (no runga mai ki te paparangi)

Elle vivait seule dans la partie immergée de l’île jusqu’au jour où Nganâ un être fabuleux surgissant de sa demeure sous-marine située dans la mer à la base de ‘Ana’a voulut la prendre pour femme. Te-Kura désirait auparavant obtenir le consentement de ses frères qui vivaient loin sur l’océan. Impatient, Nganâ la saisit et était sur le point de l’entraîner avec lui sous terre à Havaiki lorsque les frères de Te-Kura les rejoignirent. Ils combattirent et Nganâ ramené à la surface sur la terre de ‘Ana’a fut mis en pièces.

C’est pour cela que l’île fut appelée Ganâ ,mot altéré par la suite en ‘Ana’a ; jusqu’alors elle était nommée Hae-rangi

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Sources :

Kenneth P.Emory, Paul Ottino, 1965. Histoire ancienne de ‘Ana’a, atoll des Tuamotu. Journal de la Société des Océanistes 1967. n°23 p 34
Photo Estelle Halligan