La grotte de Taneuapoto, qui se trouve contre la paroi de la falaise Tutaerao (excréments-de-mouche) à l’extrême sud du village de Moerai, porte le nom du guerrier qui y vivait. Ce nom Tane-ua-poto peut être traduit de deux façons :
– L’homme à la verge courte, un signe distinctif comme un autre puisqu’on vivait nu à l’époque ;
– L’homme qui s’est abrité dans la grotte à cause d’une averse, alors qu’il passait à hauteur de la grotte.

Taneuapoto, héros de la pêche, vivait dans cette grotte avec son épouse qui venait d’avoir un bébé. Rentrant du faapu (le potager) le soir, affamé, il en oublie épouse et bébé et mange tout ce qu’il a ramené. S’excusant, il part ensuite en courant dans le petit lagon tout proche afin d’aller chercher du poisson et des coquillages pour son épouse. 
Quand il rentre à la nuit tombée, sa femme dort mais l’enfant a disparu. Les deux parents, très inquiets, enjambent les falaises de tout côté, fouillent la plage et le récif. Au petit jour, après de vaines recherches, ils remarquent sur une pierre plate un attroupement de mouches et trouvent, après les avoir chassées, le prépuce de leur fils.
Immédiatement Taneuapoto pense aux cannibales qui habitent une grotte voisine, dans la montagne ; il s’y précipite et les trouve en train de festoyer. Reconnaissant les restes du corps de son fils, il tue de sa lance tous les cannibales, et c’est pour cela que cet endroit s’appelle encore aujourd’hui Tutaerao. Une bien triste histoire.

De la grotte de Taneuapoto il ne reste guère qu’une excavation après le dynamitage de la falaise par les légionnaires pour réparer les routes détruites par le cyclone Peni. De gros blocs furent détachés de la montagne et concassés, mais après le cyclone Wasa en 1983, tout fut emporté par la mer, et la plainte écrite adressée au responsable de l’Environement est demeurée sans réponse.

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Sources :

Yves GENTILHOMME (Rurutu)
Taaria Walker dite Pare : Rurutu, mémoire d’avenir d’une île autrales - Haere Po 1999