A l’époque de nos ancêtres, Tuiva’o était un chasseur de baleines renommé de Rurutu (île de l’archipel des Australes). Il faisait la fierté de sa famille car il ne rentrait jamais bredouille de la pêche, assurant toujours la subsistance des siens. Sa réputation était arrivée aux oreilles des dieux qui, un matin, lui demandèrent du poisson en quantité…

Le rocher se met à tanguer

Armé de son harpon et de sa corde de nape (corde en bourre de coco), Tuiva’o se rend aussitôt sur le bord de mer avoisinant. Arrivé sur la plage, il aperçoit une grosse carangue qui se faufile entre les patates de corail. Saisissant son harpon, il se rapproche de sa future proie, sautant de rocher en rocher. Subitement, le rocher sur lequel il se trouve se met à tanguer ! et voici que le rocher s’éloigne désormais rapidement vers le large ! En fait, il s’agit d’une baleine... L’intrépide pêcheur ne se laisse pas intimider. Il attache sa corde autour de la queue du cétacé pour assurer son équilibre. Longtemps, la baleine file en pleine mer. Enfin, elle arrive en vue d’un motu (îlot).

Le retour à Rurutu sur le dos d’une baleine

Là, Tuiva’o rencontre une jeune femme qui passe son temps à s’occuper des baleines. Durant des jours et jours, résigné, il va la seconder, mais il songe sans cesse aux siens, à Rurutu et à la pêche… Voyant son désespoir croître, la femme finit par lui proposer de le ramener chez lui, sur le dos d’une baleine. Arrivé à la limite des eaux du lagon, il doit plonger et nager jusqu’au rivage, laissant la baleine repartir au large.

Surtout ne pas rentrer bredouille

Pourtant, il est décidé à ne pas rentrer bredouille. Sa corde enroulée autour de la queue de la baleine, et malgré la résistance du cétacé, Tuiva’o ne lâche pas prise et après une lutte acharnée, il réussit à l’échouer. Tuiva’o se rend au marae où les anciens sont surpris de le revoir et lui reprochent de ne pas rapporter de poisson. Les incitant à le suivre, Tuiva’o leur montre sa prise avec fierté.

Aujourd’hui encore, la renommée de Tuiva’o est intacte dans tout l’archipel des Australes. Il y a quelques années, la chasse à la baleine se pratiquait encore avec ferveur. Mais nul ne se risquait à partir à l’assaut des cétacés sans avoir à ses côtés l’un des nombreux descendants de Tuiva’o…

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Sources :

Michèle de Chazeaux. Légende de Tuivao
Michèle de Chazeaux Sergio Macedo. Légende de Tuivao. Editions des mers Australes
Photo 1, Pierre Lesage, Baleine à Rurutu.
Photos 2 et 3 Coll. Moana’ura