Un morceau de mât et des membrures d’une demi-coque reposent sur un lit de corail devant la digue de Papeete. Ce sont les vestiges d’une petite canonnière, la Zélée, qui s’est vaillamment illustrée le 22 septembre 1914 pour sauver Papeete de l’invasion allemande.

La Zélée est née en 1900. A 14 ans elle a parcouru plus de 14 000 miles. En 1914, cela fait 12 ans qu’elle est stationnée à Papeete. Elle est un peu fatiguée de sillonner les mers et ne peut dépasser les 10 nœuds de moyenne.

A l’annonce de la déclaration de la guerre, le lieutenant de vaisseau Maxime Destremeau, commandant en chef des troupes françaises de Tahiti, sachant qu’il ne pourrait s’opposer efficacement à de grosses unités allemandes, décide alors de désarmer la Zélée qui est à bout de souffle et fait installer à terre les 12 canons du bord. Une partie forme une batterie face à la passe, l’autre partie est installée au Pic Rouge.

Le 22 septembre 1914, deux croiseurs allemands, le Gneisenau et le Scharnhorst, dirigés par l’amiral Allemand Von Spee, qui venaient de la station allemande de Tsing-Tao en Chine s’approchent de Papeete décidés à se ravitailler en vivres et charbon aux frais de la ville de Papeete. Le Commandant Destremeau fait sauter les balises du port et met le feu au dépôt de charbon qui se trouvait dans l’enceinte de la Marine, près du parc Bougainville pour les empêcher de s’approvisionner.

Epave de la Zélée à Papeete. Photo Venustars

Epave de la Zélée à Papeete. Photo Venustars

Destremeau prépare le sabotage de son navire en vue d’obstruer l’entrée du port. Devant cette résistance inattendue, les croiseurs allemands bombardent Papeete et coulent la Zélée, avant même que l’on ait eu le temps de la positionner en travers de la passe. Elle était encore à quai devant l’office du Tourisme actuel à coté d’un vapeur allemand qu’elle avait capturé une semaine plus tôt. Des obus occasionnent un violent incendie dans le centre de Papeete et tout le quartier commercial entre le front de mer et la cathédrale, de la maison Donald à l’immeuble Laguesse, est entièrement détruit. Voyant s’élever l’énorme nuage de fumée sombre, l’amiral allemand comprend que le seul butin qu’il convoite lui avait échappé. Il poursuit sa route jusqu’aux îles Falkland, où les deux croiseurs sont coulés.

Quelques restes de l’épave recouverts de corail de la Zélée reposent au fond de l’océan près de la digue du port de Papeete et l’un des canons trône désormais Parc Bougainville en souvenir de cet héroïque épisode.

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Sources :

Bengt Danielsson,  Philippe Mazellier, Le Mémorial polynésien, Papeete 1978
Destremeau, Histoire courte de ma famille.
Photo 2 : http://venustars.canalblog.com