Contagieuse ou non, lisez ce qui suit.

Nul ne doit toucher le tombeau du Roi, sous peine de lèpre. Nul, s’il n’est de sang royal, ne peut creuser la tombe du Roi, sous peine de lèpre.

L’histoire veut que la dynastie ait eu ce singulier pouvoir et le pouvoir aussi de délivrer de la terrible maladie. Les objets du Roi étaient tabu. Un popaa (étranger) ayant, par bravade, voulu s’assoir dans le fauteuil où mourut le Prince Hinoï, fut sur l’heure couvert de taches, et sa lèpre se propagea à une rapidité foudroyante.

Le linge royal est tabu. Y toucher sans en avoir le droit, sans que l’interdit soit levé : c’est la lèpre… L’ex-Reine Marau Taaroa Salmon, veuve de Pomare V, disait en soupirant :

Avec cette histoire, impossible de trouver des blanchisseuses pour laver notre linge : elles craignent toutes de contracter la maladie.

Ces mêmes vêtements qui donnaient la lèpre étaient susceptibles de la guérir, à la condition que le Roi ou la Reine le voulût, et qu’ils y aient préalablement transpiré… Mme Rosa Micheli qui était le chef du District de Arue, racontait l’histoire de sa grand-mère. Favorite – pour un soir – de Pomaré V, elle s’était levée la nuit et, pour calmer son robuste appétit, avait puisé un peu de poisson cru dans la calebasse royale. Au matin, lorsque le Roi se réveilla, il la trouva, la figure enflée et couverte de taches rouges… Elle dut avouer son menu larcin. Pomare prit très bien la chose et, se débarrassant de sa chemise, il l’en enveloppa. Quelques heures plus tard, enflures et taches avaient disparu.

De même résidait à Orofara, Hitu qui avait la lèpre royale parce que, au service du Prince Hinoï, il avait, à la mort de son maitre et sans connaître les secrètes précautions, emporté et enterré le linge tabu.

Lèpre et Royauté, une symbiose, à vous de juger.

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Sources :

FOLLEREAU Raoul Tour du monde chez les lépreux Flammarion 1953 P 119    –   Reine MARAU Mémoires