Depuis 1767 et l’arrivée de Wallis, premier Européen à avoir débarqué à Tahiti, les grands navigateurs mouillaient pour la plupart en baie de Matavai. Il faut attendre le 14 avril 1818 pour que Papeete soit officiellement fondée, lorsque le pasteur Crook y établit une station missionnaire.

Wilk’s Harbour

C’est au pasteur William Pascoe Crook, un ancien missionnaire du Duff  de retour d’Australie, que l’on doit cet acte historique. Après un premier séjour à Tahiti, le religieux était parti évangéliser les bagnards de Sydney pendant près de 15 ans. Lors de son retour en Polynésie en 1816, sa première tâche fut d’aider à la publication des ouvrages des missionnaires à la petite imprimerie d’Afareaitu. Deux ans plus tard, il installait enfin sa propre mission à l’est de Pare. Crook choisit de l’appeler Wilk’s Harbour (le port de Wilk), en l’honneur d’un des directeurs de la London Missionary Society.

Le choix du pasteur de s’installer en ces lieux relève plus de la contrainte que de la clairvoyance. Tous ses coreligionnaires voulaient réoccuper leurs anciennes paroisses de Tiarei, Matavai, Papaoa (Arue) ou Papara. L’actuelle Papeete était une plaine marécageuse, peu peuplée et infestée de moustiques. Crook décida de se loger en hauteur et fit construire une grande villa sur la colline Faiere. Plus bas, à Paofai, il fit aménager deux fare pote’e destinés à servir de temple et d’école.

La baie de Papeete en 1848, Shipley Conway

La baie de Papeete en 1848, par Shipley Conway

La baie de Papeete en 1848, par Shipley Conway

La baie de Papeete en 1848, par Shipley Conway

Hope Town, la ville de l’espoir

Crook, son épouse et ses deux filles aînées commencèrent à instruire la population. Mais rapidement, il leur apparut que beaucoup de leurs paroissiens nécessitaient des soins corporels. Un hôpital, le tout premier érigé en Polynésie, vient bientôt compléter la mission. On n’y admet que les femmes, les soins étant prodigués par Mme Crook et ses filles.

Le dynamisme du pasteur séduit le roi Pomare II, qui se rend souvent sur le motu Uta pour y corriger les traductions bibliques des missionnaires. Crook, qui manie parfaitement la langue tahitienne, participe souvent à ces travaux et s’avère d’un grand secours en soignant l’éléphantiasis du roi. La petite mission n’a alors de cesse d’attirer de nouveaux habitants. Les Tahitiens des vallées de Tipaerui, Hamuta, Fautaua, ceux de Tefana et de Pirae, ainsi que des Paumotu viennent habiter les lieux et travaillent à les remblayer. Cinq ans après la fondation de Wilk’s Harbour, on y compte environ un millier d’habitants.

Les Européens appellent la bourgade Hope Town (ville de l’espoir), les Polynésiens préférant Vai’ete, nom de la petite rivière qui y coule. Mais à cause d’un tabou interdisant l’utilisation de certains mots sacrés ou réservés aux chefs, Vai’ete devient rapidement Pape’ete.

Pape’ete

Quelques années plus tard, en 1824, le missionnaire britannique Pritchard s’y établit à son tour. Il y fit construire une spacieuse maison européenne, près de la plage à l’ouest.

Voici la description de Pape’ete qu’a fait à cette époque un officier de la marine française, Gabriel de Lurcy :

« Ce n’est ni une ville, ni une village, ni un hameau, et on chercherait vainement dans notre langue un mot qui pût définir ce genre d’établissement. Figurez-vous une foule de petites cases construites sans ordre au milieu des orangers, des cocotiers, des goyaviers et des arbres de toutes espèces qui ombragent le rivage courbé en forme d’arc sur les bords de la rade : là rien d’imposant, mais tout apparaît gracieux et pittoresque. »

Nicholas Chevalier - Papeete en 1869

Vue de Papeete en 1869, par Nicholas Chevalier.

L’endroit ne devint réellement la capitale que vers 1827, lorsque Aimata en passe de devenir la Reine Pomare IV, s’installe avec sa famille à la mission. Ce « déménagement » de Papaoa (Arue) à Papeete marque l’élévation de la ville au rang de chef-lieu du royaume.

Le capitaine de vaisseau Bruat impose Papeete

La France préféra un temps les Marquises à Tahiti. Mais les événements en décidèrent autrement. Le contre-amiral Dupetit-Thouars, au nom du Roi Louis Philippe, imposa le protectorat français sur Tahiti le 9 septembre 1842 et proclama l’annexion de Tahiti le 6 novembre 1843.

Si Papeete est devenue la capitale de la Polynésie française, elle le doit en partie à l’esprit de décision et à l’énergie du capitaine de vaisseau Bruat qui conseilla le choix de ce site et le défendit avec vigueur en avril 1844. C’est le capitaine de génie Raimbault, installé dès le 6 novembre 1843 comme directeur du génie de Papeete, qui est l’auteur des plans de la nouvelle ville et des premières constructions européennes. Les travaux d’urbanisme commencèrent réellement après la guerre franco-tahitienne, en 1843. Les lieux se métamorphosèrent en quelques mois.

Papeete devint une commune le 20 mai 1890.

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