Il y a fort longtemps, régnait au centre de l’île de Tubuai, une ogresse énorme, avec à chaque main, deux ongles long d’une dizaine centimètres. Elle régnait sur les habitants du centre de l’île, région marécageuse. En ces temps reculés, le district de Mahu, était sous le joug de deux chefs. Celui qui régnait sur le peuple du bord de mer, ignorait l’existence du peuple du centre de l’ile et par ce fait l’ogresse même; tout au plus, le peuple du bord de mer savait que le centre de l’île était à éviter car chaque fois qu’un voyageur s’égarait par là bas, nul ne le revoyait.

Un jour, deux enfants décident de s’aventurer dans cette région tabu pour y cueillir des fruits. Chemin faisant, ils aperçoivent des bananes mures poussant sur des purau. Le garçon décide d’aller voir de plus près cet étrange purau à bananes. Délaissant sa sœur, il s’aventure dans la végétation. Ce fut la dernière vision, qu’eut la petite fille de son frère. De retour au village, haletante, elle relate son aventure et ce n’est que cris et lamentations, car nul ne revient de la bas.

Durant ce temps, l’enfant capturé subit le sort réservé aux victimes de l’ogresse. Il est enterré dans le four de l’ogresse, qui est creusé à même le sol, rempli de pierre chauffées à blanc et recouvert de terre. Seule la tête de la petite victime dépasse car elle sert de thermostat. Dès que les yeux deviennent laiteux, la victime est à point.  A l’aide de ses ongles, l’ogresse extirpe les globes oculaires de l’enfant afin de les goûter.

Un jour, un étranger venant de Raivavae débarque sur l’île et entend des pleurs provenant d’un fare. Pénétrant à l’intérieur, il surprend un couple ainsi qu’une petite fille se lamenter. Le père raconte alors la disparition de son fils et le mystère qui entoure le centre de l’île.

L’étranger, à la fin du récit, a cette phrase étrange « ne bougez pas, restez chez vous et enfermez vous, prévenez vos voisins de faire de même. Et surtout, n’ouvrez qu’a moi »

L’homme s’éloigna en direction de la montagne. En chemin, il coupe des longs bambous pour faire un radeau et rassemble tout ce qui peut servir de nourriture. Pour transporter le tout, il jette à la rivière, les fruits et légumes ainsi que les cochons afin que celle-ci charrie l’ensemble vers la mer, là ou il pourrait les récupérer. D’où le nom de la rivière Vaipua’a (la riviere du cochon).

Une fois les victuailles arrivées à l’embouchure, il les porte sur le radeau, et dit  » Prenez des flambeaux, montez sur le radeau et dirigez vous vers l’endroit le plus profond du lagon. Si vous voyez des feux s’allumer sur la plage, allumez vos torches et faites des signes ».

L’ogresse et ses serviteurs, tenaillés part la faim, ne trouvant plus rien à dévorer dans la région du centre, arrivèrent au village qu’ils trouvent désert. La nuit tombant, l’ogresse ordonne à ses hommes d’allumer des flambeaux afin de partir à la recherche des habitants.

Voyant les feux sur la plage, les villageois entassés sur le radeau allument leurs torches et font le tarepa (faire signe de venir). Apercevant les signaux, l’ogresse et sa troupe se dirigent en hurlant et courant vers ce qu’ils perçoivent comme leur futur repas et, grâce à la ruse de l’étranger, périssent noyés dans les profondeurs du lagon.

Dans les années soixante dix, des fouilles ont été entrepris par un archéologue tahitien, sur le marae où vivait l’ogresse. A l’endroit supposé où se trouvait son four, il découvrit des ossements et des restants humains. On dit que plus que troublé par sa découverte, il passa 4 nuits sans trouver le sommeil, hanté par des tupapa’au (fantômes), il quitta Tubuai précipitamment et ne revint jamais.

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