Marae To’oara’i, « le vieux marae des chefs de Papara », est détruit depuis longtemps. Heureusement, il avait été décrit par plusieurs auteurs (Joseph Banks au 18e siècle, Baessler avant 1900). Nous retenons ici la description qu’en a faite le chef Tati Salmon en 1913 : Il avait été fondé à partir d’une pierre du marae Taputuara’i, et c’était la résidence du vieux chef Tati, et avant lui, de son père, de son grand-père. Le marae était enclos de murs et pavé. Faisant face à l’ouest, l’ahu était une plateforme à deux gradins, sur laquelle se tenait l’effigie du dieu Ta’aroa.

La version de Teuira Henry paraît évidemment erronée :

« Lorsque le Roi Pomare eut conquis Tahiti et Moorea, il fit construire un nouveau marae national de dimensions imposantes à Paha’iatea sur un lieu appelé Tooara’i (qui attire le ciel) à Papara. Ce travail fut accompli par Tahiti et Moorea ensemble aidés par les parents du Roi venus de Raiatea et des Tuamotu. Chaque citoyen du royaume tint à apporter une pierre pour sa construction. Tout le cérémonial habituel avait été observé pendant la construction du marae. Il devait s’appeler Tooara’i qui semblait très approprié, mais lorsque le jour de l’inauguration arriva on s’aperçut qu’on avait oublié de choisir un Dieu pouf occuper le marae. Un chef de Raiatea appelé Fa’a-nounou (Qui fait désirer) proposa de le consacrer à Oro, mais les Tahitiens s’y opposèrent, ne voulant pas que ce Dieu mette les leurs dans l’ombre. La dispute s’envenima tant et si bien que les gens se dispersèrent et rentrèrent chez eux fort en colère, laissant la question en suspens. L’océan lui-même devint si agité que les pirogues des Raiatéens furent prises dans une tempête et ce n’est qu’au prix de grandes difficultés qu’ils parvinrent à rentrer chez eux. Seul un de leurs chefs Ari’i-mana (Grand Roi) demeura à Tahiti avec Pomare. C’est ainsi que le marae, abandonné de tous, demeura inutilisé jusqu’à l’arrivée des premiers missionnaires. Il finit par tomber en ruines tandis que les Dieux Tahitiens et ‘Oro avec eux sombraient à tout jamais dans l’oubli ».

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Sources : Tati Salmon, 1913, manuscrit, copie par Moti, archives du Bishop Museum, Hawaii. HENRY Teuira, 1962, Tahiti aux temps anciens, Société des Océanistes p 15