Au milieu du grand parc de la mairie de Papara, s’élève le mausolée du Grand Tati, une pyramide de dix marches.

Tati Salmon

Tati naquit en 1774. Son nom était Taura Atua i Patea ou Cordon des dieux. Il appartenait au noble clan des Teva, détenteur du maro jaune, qui avait dominé la moitié de Tahiti. La légende donne comme origine à ce clan l’union coupable de Hotutu, cheffesse de Vaiari et d’un monstre marin, homme et requin.

Tati Salmon avait pour ancêtres directs Tuiterai de Papara et Teroroeora vahine de Fareroi (Mahina). Il était le petit-fils du grand prêtre Manea de Papara, le frère cadet de Amo. Teieie iatoa’i de Tautira, était son grand-père maternel. Manea eut pour fils Teuraitera’i qui avait pris pour femme Tetauirave’a i Teahupo’o d’où sont issus Opuhara et Tati. Opuhara n’a pas eu de descendance, tandis que Tati, son frère, eut une progéniture dont huit garçons sont connus.

La famille de Tati, avec celle de Vehiatua, était une des plus anciennes et des plus illustres de Tahiti. Son clan politique était celui du Teva i uta dont il était le grand-chef. Sa juridiction s’étendait de la pointe Mara’a (Paea) à l’isthme de Taravao.

Portrait de Tati Salmon

En 1808, Temari’i chef de Papara et second fils de Amo et de Airoro i Ahura’i (Purea), mourait des suites d’un accident. II était remplacé par son petit cousin Tati, à la tête de Papara.

Au physique Tati était un homme grand et robuste ; Moerenhout le vit haut de cinq pieds dix pouces, bien proportionné. « Il avait, dit-il un Iront élevé, des yeux pleins d’expression, un nez quelque peu aquilin, une bouche un peu grande, mais ornée d’une denture superbe, le visage rond, un air sévère fait pour inspirer à la lois la confiance et le respect ». Il existe de lui quelques portraits plus ou moins stylisés, dont une lithographie insérée dans « Les Voyages aux Iles du Grand Océan ».

Tati mettait dans sa vie privée cette dignité et ce sens pratique qu’il apportait dans les débats publics. Il était le père de famille respecté qu’on n’abordait pas sans appréhension. Ariitaimai, dans ses mémoires, conte avec pittoresque les petits démêlés de la famille. Tati aimait le confort. Moerenhout trouva chez lui, un bon lit muni d’une moustiquaire, une cuvette, des verres, un essuie-main, un ordonnancement de table impeccable, même un service à thé !

Au moral, Tati était honnête, courageux, d’une opiniâtreté qui fut souvent inhumaine. Ame forte, il n’apparaît pas comme un opportuniste jouant d’habileté entre les thèses opposées. Son action implique qu’il eut, malgré les contradictions qui seront soulignées, la conception d’une fin précise et, qu’en dépit des obstacles, il s’appliqua sans hésiter à la réaliser. Esprit calme, lucide, observateur, psychologue, Tati avait les qualités qui, liées aux dons de l’orateur, font de certains hommes des animateurs et des conducteurs naturels.

Tati avait été mêlé à tous les évènements importants de l’histoire tahitienne et avait été président de l’Assemblée législative. Il était considéré comme le meilleur orateur de son époque.

Le grand chef de Papara, Tati, devait mourir en 1854, lors de l’épidémie de rougeole qui fit 800 morts à Tahiti.

Un monument en l’honneur du grand Tati

C’est sous l’égide de la mairesse de Papara, Tuianu Legayic, qu’il est décidé de construire ce monument à la mémoire de cet illustre personnage, conçu par le décorateur J.M Poursin qui réalisera également le buste de Tati. Le 5 mars 1989, jour de commémoration de l’arrivée de l’évangile, le mini marae est inauguré en présence des membres de la famille Salmon.

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Sources :

Henry Teuira – Tahiti aux temps anciens – Société des Océanistes 1968 – p 278, 279
Cambazard. Une grande figure Tahitienne TATI, Chef de Papara. Bulletin des Etudes Océaniennes n°64 Octobre 1938