Légende de Oro-hena, la verge de Oro, le dieu de la guerre

Il y a de cela très longtemps, bien avant que les coqs ne chantent, bien avant que les porcs ne grognent, bien avant que les chiens n’aboient, un déluge recouvrit l’île de Tahiti. Le dieu Tuaraatai fut prit de colère lorsque ses cheveux s’emmêlèrent dans l’hameçon du pêcheur Ataratua, et dit au pêcheur :

« je vais inonder l’île. »

Le pêcheur, sa femme et ses enfants grimpèrent jusqu’au pic qui, après le déluge serait appelé Pitohiti, le nombril de Tahiti. Là, ils construisirent leur abri. Ce fut le premier abri du genre, recouvert de feuilles de ape et de opuhi.

A la nuit tombée, la tempête souffla. Il plût beaucoup, l’eau monta et recouvrit l’île, et cela pendant plusieurs nuits. Puis la pluie s’arrêta et les rayons du soleil commencèrent à percer. Ataratua et sa femme virent alors ce hena surgir de l’eau et ils se dirent que c’était le hena du Dieu Oro, signe que l’eau allait baisser. A cette époque-là on n’employait pas pour les dieux le terme « dard » mais hena.

Et ce dieu Oro avait pris la forme d’un poisson, comme un espadon à voile où une aiguillette. Aussi lui donnèrent-ils le nom de Orohena.

Mont Orohena et Pito Iti de Tahiti.

Mont Aorai et Orohena de Tahiti.

Mont Orohena dans les nuages. Photo Jeff

Mont Aorai dans les nuages. Photo Jeff

Orohena, la plus haute montagne de Tahiti

Formant l’arrière plan du Rufe se dresse l’Orohena, la plus haute montagne de Tahiti avec une altitude 2.232 mètres. C’est une arête d’une extraordinaire étroitesse que l’on ne peut mieux dépeindre qu’en le comparant à la nageoire dorsale d’un poisson.

La parfaite convenance du nom de cette montagne donne à penser que les anciens Tahitiens ont eu une connaissance exacte de ce sommet grâce à leurs chasseurs d’oiseaux, ces Pii-Mato (grimpeurs de rochers) qui, armés de deux poignards de Aito (bois de fer) se hissaient à la force des bras sur les flancs des montagnes les plus abruptes.

En 1950, une équipe de montagnards est allée placer un signal de Géodésie sur le sommet du Tetufera 1.800 m. On avait cru s’attaquer à un sommet inviolé, aussi fût on un peu surpris, après avoir enlevé la mousse qui recouvrait le sol, de se trouver devant les restes d’un feu de camp. Feu allumé peut-être par les derniers Pii-Mato pour y rôtir les oiseaux capturés dans la falaise et pour lutter contre le froid de la nuit.

Maurice Jaÿ, l’homme de la Montagne

Maurice Jaÿ, qui est à Tahiti « l’homme de la Montagne » décide en 1952, d’ouvrir une voie d’approche de la face nord, par les crêtes de Mahina. Le départ est plus difficile et plus impénétrable que celui de la voie de Hall, mais l’arrête sommitale paraît beaucoup plus accessible. Avec son équipe de Tahitiens, il taille dans la végétation et trace la piste jusqu’à Pihaiateta (1742 m), puis fait aménager les pistes et édifier les refuges qui permettront en 1953, l’ascension du plus haut sommet de l »île, l’Orohena (2241 m) ; il y découvrira des ossements ainsi qu’une enceinte sacrée.

A l'ascension de l'Orohena, vers 1953

A l’ascension de l’Orohena. « Les crêtes étroites sont couvertes de végétation, mais sont bordées de falaises à pic sur plus de 1000 m ». Photo Maurice Jay 1953

Orohena, le refuge. Photo Maurice Jay 1953

Abri construit au sommet de l’Orohena, par l’équipe »La Montagne » .Photo Maurice Jay 1953

Bivouac au sommet du Pito Hiti, devant l'Orohena. Maurice Jay 1953

Trois tahitiens emmitouflés dans des sacs de couchage dans les nuages. Bivouac au sommet du Pito hiti avec à l’arrière plan la crête Nord de l’Orohena. Photo Maurice Jay 1953

Photos extraites d’un album offert par le fondateur du Club Alpin de Tahiti, Maurice Jaÿ, au célèbre alpiniste Maurice Herzog qui visita Tahiti en 1966. Les clichés pris par Maurice Jaÿ entre 1950 et 1955 sont annotés de sa main au feutre blanc.

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Sources :

Teuira Henry. 1968 – Société des Océanistes – Tahiti aux temps anciens.
Maurice Jay : Orohena
Club alpin de Tahiti. 1951-1966 Album de 37 photographies noir et blanc et 2 en couleur prises entre 1950 et 1955.
Club Tahitien de randonnées Te Fetia O Te Mau Mato,
Photo Matarai video, Orohena