Le monument aux morts de Papeete est un hommage au courage des poilus tahitiens et à la mémoire des enfants morts pour la France au cours des dernières guerres .

Deux monuments aux morts

Un premier monument commémoratif aux poilus tahitiens morts lors de la bataille du Chemin des Dames le 25 octobre 1918 avait été édifié à la fin de la guerre parc de la mutualité à Papeete (photo 2 ci dessous). « Un bloc de ciment armé quelconque, une horreur» disait-on.

Pour remédier à cela, en 1923, le gouverneur Jocelyn Robert s’empressait de réaliser un nouveau monument à la mémoire des enfants morts pour la France au cours de la guerre 1914-18. (photo 3)

Monument aux morts du 25 octobre 1918, place de la Mutualité à Papeete vers 1920. L Gauthier

Monument aux morts du 25 octobre 1918, place de la Mutualité à Papeete vers 1920. Photo Lucien Gauthier

Monument aux morts au centre de l'avenue Bruat à Papeete en 1923. G. Spitz

Monument aux morts au centre de l’avenue Bruat à Papeete en 1923. Photo George Spitz

Tous les emblèmes de la nation

Le nouveau monument est une œuvre du sculpteur Galy, qui comportait cette fois tous les emblèmes représentatifs de la nation française et du patriotisme : la jeune fille qui offre un bouquet au soldat (photo 1), les couronnes de fleurs, le rameau d’olivier, le casque et surtout tout en haut… le coq gaulois.

Casque sur le monument aux morts pour la France de Papeete. © Tahiti Heritage
Le coq gaulois du monument aux morts pour la France de Papeete © Tahiti Heritage

L’hommage émouvant de la reine Marau

Le quatorze juillet 1923, après le traditionnel Salut au Drapeau, on inaugure le monument aux Tahitiens morts pour la France pendant la Grande Guerre (1914-18). Autorités locales, consuls, fonctionnaires de tous rangs, ont pris place dans la tribune. En nobles termes, le Gouverneur exalte le bataillon tahitien. Nul ne lui répond. La reine Marau, alors, décide de parler, de laisser jaillir de son cœur les mots de remerciement que d’autres devraient articuler. Elle se lève. A pas lents, elle gagne la petite tribune que décorent des palmes de cocotier et des fleurs d’hibiscus, et là, d’une voix assurée, dans la langue des ancêtres, elle prononce cette poétique allocution :

« Vous tous qui êtes réunis pour rendre hommage à la Fête nationale française, salut et longue vie. Nous sommes en présence d’une œuvre admirable, je veux parler de ce monument, sublime emblème de la Victoire remportée par ceux qui se sont inclinés devant le devoir. Il est ici afin que reste vivant dans nos cœurs le souvenir de ceux pour lesquels Temuri, le vent de la douleur, a gémi, alors que nos cœurs angoissés attendaient… Partis là-bas, ils sont morts là-bas. Nous les avons pleurés ces chers enfants. Mais aujourd’hui leurs noms revivent. Roo, le dieu de la Guerre, fait entendre le maeva (salut) des héros. Vive la France ! Vive Tahiti ! »

Des déménagements successifs

En 1956, le trafic routier devenant trop important, le monument est déplacé sur le bas-côté de l’avenue Bruat du côté du haut-commissariat, face à l’Ouest. Il regroupe désormais les morts pour la France lors de la guerre 1939-1945.

Enfin, en 2001, il change de trottoir et s’établit devant le bâtiment du Conseil Economique Social et Culturel, face à l’Est, et rend désormais hommage aux soldats polynésiens décédés au combat lors des deux guerres mondiales ainsi que durant les guerres de Corée, Madagascar, Indochine et d’Afrique du nord.


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Sources :

Mémoires de Marau Taaroa, dernière reine de Tahiti. 1971. Musée de l’homme Paris .
MAZELIER Memorial polynésien
Archives Tahiti Heritage