Ce n’était pas le paradis l’école Notre Dame des Anges de Faa’a dans les années 1950-60, l’éducation y était très stricte. L’uniforme obligatoire consistait en une jupe arrivant à hauteur des genoux de tissu écossais, avec une blouse blanche et un béret. « On était punie si on ne mettait pas son béret ». Le port du pantalon était, bien sûr, strictement interdit.

Les garçons étaient d’un côté, les filles de l’autre, la mixité ne débutait qu’au certificat d’études. Et pour les filles, se retrouver à côté d’un garçon, était comme une punition. Les enfants étaient très timides, presque puritains, c’était l’éducation de l’époque. Ils avaient un grand respect pour les parents et les adultes. Et ils se levaient quand l’institutrice rentrait ou quittait la classe.

Au début, on écrivait à la plume, le stylo bille n’existait pas encore. Chaque enfant était responsable de son matériel, l’ardoise était notre cahier de brouillon. Il fallait connaître l’alphabet, avoir une bonne prononciation et surtout réciter par cœur les tables de multiplication. Et il fallait absolument écrire de la main droite. Ceux qui écrivaient de la main gauche, on leur déchirait leurs cahiers. Les autres matières étaient l’histoire de la Gaule, la géographie de la France, l’histoire des rois de France, même la première guerre mondiale mais rien sur la civilisation Polynésienne. C’est vers le certificat d’études que l’on commence a étudié la civilisation polynésienne. La langue tahitienne était bannie, ceux qui l’oubliaient noircissaient des dizaines de pages où ils devaient écrire : « il est interdit de parler le tahitien ».

A la récréation, quand on s’amusait sur les balançoires ou sur les drums, il y avait d’un côté les catholiques et de l’autre les protestantes. On se jetait entre gosses des « Oui, vous irez en enfer ! » C’était la guéguerre entre catholiques et protestants. Des grandes de 18-20 ans se poursuivaient dans le réfectoire juste pour une question de religion. Comme punition, on avait droit à la courroie, au fouet, à la règle sur les doigts ou le port du bonnet d’âne mais ce sont surtout les « enfants terribles » qui avaient droit à ce type de punition.

La vie d’interne a l’école Notre dame des Anges était quand même agréable à cette époque, grâce aux Sœurs qui étaient très motivées et particulièrement dévouées.

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Sources :

Propos de Dorina et Emma Bopp du Pont, recueillis par Margareth Keane – Te Fana n°10, oct 2005.
Collège Notre-Dame des Anges, Faa’a,  Tél. 80 08 00