Après sa fleur endémique, le Tiare Apetahi, Raiatea renferme en son sein, la seule espèce de cigale endémique du Pacifique.

L’histoire commence en 1935

La cigale de RaiateaRaiateana oulietea, fut découverte en 1935, lors d’une escale à Raiatea par le voyageur-naturaliste Edgar Aubert de La Rue. Cinq exemplaires furent capturés, il s’agissait d’une cigale inconnue, représentant non seulement une espèce inédite, mais aussi, et c’est beaucoup plus rare, un genre nouveau, aucune cigale, objectivement, n’avait été répertoriée, ni même signalée en Polynésie Française !

Quelques années plus tard, en 1978, le professeur Boulard spécialisé dans l’étude des cigales en milieu tropical, découvre presque par hasard ce petit trésor de Raiatea et débute ses recherches sur cet insecte endémique pour I identifier et lui donner le nom de « Raiateana oulietéa Boulard 1979 » (lieu de provenance suivi de oulietéa, le nom que James Cook a donné à l’île sacrée et Boulard pour l’identification suivi de l’année). A plusieurs reprises, il rejoindra Raiatea pour connaître avec précision le mode de vie de cet insecte de cinq centimètres un peu particulier.

Une espèce  de cigale inédite

Grande (5,2 à 5,5 cm de longueur, pour une dizaine de cm d’envergure) et belle (avant-corps d’un vert turquoise fascié ou maculé de bistre et de noir; abdomen brun sombre portent une sorte de masque de cire blanche), c’est un insecte très spectaculaire.

Son corps, comme toutes les cigales, est ramassé et sa tête est courte, équipée d’antennes, de grands yeux et de pièces buccales piqueur-suceur. Son thorax  porte deux paires d’ailes transparentes avec un réseau de nervures. Couverte d’un manteau représentant un masque de couleur turquoise, la pigmentation verte reste très fragile et disparaît rapidement lorsqu’elle meurt.

Au son des cymbales

La cymbalise (provenant du mot cymbale) des 4 000 espèces de cigales recensées émet un son qui peut-être entendu à 50 m à la ronde !

Des membranes tendues comme des tambours de chaque coté de I’abdomen produisent des sons stridents ou bourdonnants qui servent aux mâles à attirer les femelles pendant les saisons de reproduction. La cigale de Raiatea émet un son particulier, bien spécifique. Ses chants sont plus particulièrement entendus aux alentours de la Saint-Valentin (février).

Après l’accouplement, la femelle, à l’aide de son ovipositeur, situé à l’extrémité de l’abdomen, incise l’écorce des arbres pour y pondre ses œufs. Une femelle peut pondre jusqu’à 600 œufs ! Les jeunes sans ailes éclosent après six semaines environ et tombent sur le sol où ils s’enfoncent de quelques centimètres. Se nourrissant de la sève des racines, les  » larvules » se développent lentement. Il leur faudra parfois plusieurs années pour arriver à maturité. Quand elles émergent enfin, elles grimpent sur un tronc, s’y fixent et, enfin, se métamorphosent en adultes en quelques heures. Puis les cigales s’accouplent et se nourrissent de plantes jusqu’à ce quelles meurent, environ un mois plus tard.

L’île sacrée détient une originalité naturelle en abritant dans ses forêts hautes la seule et grande Cigale polynésienne Raiateana oulietea.

Un timbre fut émis le 7 août 1996 en l’honneur à cet insecte très rare.

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Sources :

Association Tuihana, qui a pour objectif la sauvegarde de sites naturels, culturels et cultuels de l’île de Raiatea et des alentours : https://www.facebook.com/tuihana.org/info
Photos Fred JACQ