Les Atehuru, Punaauia

Avant l’arrivée des Européens, le district était occupé par les Atehuru, dont le chef était Tutaha. Vers 1774, malgré la mort de ce chef, les Atehuru affichaient une attitude insolente à l’égard des gens des autres districts et s’enorgueillissaient des attributs royaux déposés sur leur marae. Pomare Ier, furieux de leur outrecuidance, s’allia à Temarii, fils d’Amo, chef de Papara, et après avoir envahi leur pays en châtia les habitants.

Vers 1790, Potatu, devenu chef d’Atehuru, fut vaincu par Pomare et dut s’enfuir dans la montagne. Pomare transporta sur son marae de Pare le maroura (idole) d’Atehuru, ce qui constituait un transfert de puissance.

Deux ans plus tard, en 1792, des matelots, naufragés du navire Mathilda, abordèrent à Atehuru et furent dépouillés par les tahitiens. Cependant, trois d’entre eux se fixèrent dans le pays.

Durant l’année suivante, la région fut le théâtre de la lutte, d’une part, entre Pomare, qui cette fois avait contracté une alliance avec le chef des Atehuru (Touha), et, d’autre part, Temarii (avec lequel Pomare s’était brouillé) et Vehiatua V, chef de Taiarapu. C’est au cours de ce combat que Amo, chef de Papara et père de Temarii, fut tué. Pomare, grâce aux trois Européens qui se trouvaient dans les rangs de son armée, remporta la victoire.

Au début du XIXème siècle, Pomare II voulut ravir l’idole d’Oro au marae de Tautira. Rua, chef des Atehuru, s’y opposa et, en représailles, envahit le district de Faaa, tuant les habitants et incendiant les villages. Mais, en avril 1802, Pomare, profitant de l’absence de la population partie en expédition dans la presqu’île, massacra sans pitié le reste des Atehuru.

La guerre de Rua

Le 3 juillet 1802 suivant, il les attaqua à nouveau et dans ce combat (connu dans les annales de Tahiti sous le nom de « guerre de Rua »), au cours duquel Pomare fut considérablement aidé par les armes à feu de l’équipage du Baleinier Dedalus. Les Atehuru perdirent 17 hommes et leur chef Rua. Pomare offrit la paix aux vaincus qui la refusèrent. Les combats reprirent donc en juin 1806. Pomare attaqua par surprise le chef Taatarii, successeur de Rua, qui perdit une centaine de guerriers, chiffre énorme pour l’époque.

La bataille de Fei-pi à Punaauia

Le 12 novembre 1815, Punaauia fut le théâtre du combat des Fei-pi (« bananes vertes ») dont les conséquences furent très importantes pour avenir de Tahiti. Revenu de Moorea où il s’était enfui, Pomare II, qui s’était converti au protestantisme, se tenait avec ses guerriers d’Aimeo et de Huahine dans le marae de Narii (Paea) lorsqu’il fut attaqué par Opuhara.

Mais il attendit que l’office religieux fut terminé pour faire face à l’attaque. Opuhara qui semblait devoir l’emporter fut mortellement blessé. Alors la victoire changea de camp mais, contrairement à l’usage, qui voulait que Pomare poursuivît ses ennemis, celui-ci leur accorda son pardon et fit enterrer leurs morts. Ce geste de clémence, insolite pour l’époque, lui valut l’estime de ses adversaires dont la plupart embrassèrent sa foi.

Pomare fit de grandioses funérailles à Opuhara qui, avant de mourir, avait déclaré : « Je meurs et le Tahiti de mes ancêtres avec moi. » Cette prophétie se trouva bientôt confirmée puisque cette époque vit la fin des guerres intestines, le triomphe de la doctrine chrétienne et la disparition des anciennes croyances.

A la suite des violents combats qui s’étaient déroulés dans la vallée lors de l’insurrection de 1846, le gouverneur Bruat présida, avec le régent Paraita, le 22 décembre 1846, l’assemblée des chefs de la Côte Ouest, parmi lesquels Utomi et Maro étaient les plus importants. Il reçut leur soumission ainsi que celle de 2 000 guerriers qui lui remirent leurs armes et leurs munitions. Le pardon leur fut accordé ; terres, pirogues, filets de pêche et plantations leur furent rendus. Selon le cérémonial tahitien, le principal chef déploya une étoffe qu’il replia soigneusement après l’allocution du gouverneur afin de conserver ses paroles.

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Sources :

Photo 1 : Bobb, Vallée de Punaruu à Punaauia vers 1915.