Rimatara, ou Rimitara était connue du monde polynésien comme faisant partie de l’ensemble Te ao uri o te fa’a tau aroha, l’alliance des îles du Sud, d’où provenaient les plumes précieuses d’une perruche au plumage rouge, vert et amarante brillante.

Vini de Rimatara, Photo J.P Mutz

1821. L’arrivée du dieu Jéhovah

Lors de son retour de Raiatea, Auura, le jeune chef de Rurutu, ramena avec lui deux indigènes chrétiens de Raiatea. Ces derniers firent connaitre leur nouveau dieu « Jéhovah » aux habitants de Rurutu, qui détruisent leurs idoles. Les quelques personnes de Rimatara qui étaient présentes firent de même et une fois de retour dans leur île, ils inciteront leurs semblables à en faire autant.

Cependant, ce n’était pas là le premier contact des gens de Rimatara avec le monde chrétien. Quelques années auparavant, une embarcation qui avait dérivé depuis Tahiti abordait l’île. Il n’y avait, à bord, qu’une seule femme, vivante. Un des chefs de Rimatara épousa la femme qui lui parla de son dieu Jéhovah. Le chef construisit bientôt un grand marae dédié à ce dieu et, le temple achevé, il rassembla ses guerriers leur tenant un discours les menant à la victoire lors d’une bataille. Jugez de l’étonnement des premiers missionnaires quand ils reconnurent, parmi les dieux les plus vénérés du pays, celui-là même dont ils venaient annoncer la parole.

1825. Les hommes se distraient, pendant que les femmes travaillent

il y a bien une école qui compte près de 130 élèves ; mais la situation sociale n’est guère brillante : les hommes passent leur temps à se distraire et les femmes accomplissent les plus durs travaux de la terre. Lors d’une grande réunion publique, le révérend Bourne amène la population à changer ce système et désormais, ce seront les hommes qui travailleront la terre tandis que les femmes s’occuperont des travaux ménagers.

1834. Arrivée de nouvelles maladies apportées par les européens

les contacts avec l’extérieur ont amené également leurs revers, c’est-à-dire de nouvelles maladies qui vont décimer tour à tour chaque île de l’archipel, ainsi, vers 1834, Moerenhout note au sujet de Rimatara : «La dépopulation est telle que de mille à douze cents la population est tombée à peine à deux cents. Par comble de malheur, la maladie n’a laissé guère que des femmes à Rimatara et des hommes à Rurutu. »

1866. Cultivateurs et marins

Une vocation de cultivateurs et de marins s’est développée. « Les naturels construisent des goélettes et des meubles qu’ils vendent à Tahiti. Les indigènes font un peu de cabotage et portent eux-mêmes leurs produits à Papeete», les ressources sont le bois, le pia et le tabac. On peut supposer que les navires de Rimatara voguent en arborant le drapeau de leur île, car c’est un royaume reconnu et dès avant 1856 on décrit son emblème : «le pavillon était constitué de trois bandes horizontales égales, rouge, blanche et rouge, le centre de la bande blanche chargé d’une croix de Malte rouge.

Aspect de la plage de Rimatara où nous avons débarqué le 29 mars 1889

Aspect de la plage de Rimatara le 29 mars 1889

1877. Un code des lois

À toute société, il faut des règles. Ce sera chose faite le 12 mai 1877 où est promulgué en langue tahitienne le code des lois établi sous le règne de la princesse Tamaeva IV. Un couvre-feu strict était établi la nuit, et que ceux qui étaient amenés à devoir quand même se déplacer devaient être munis de lumière ; que les épaves jetées sur la côte sont la propriété du gouvernement, et que l’adultère se monnaye sous forme d’amende (20 piastres à chaque coupable), quelque soit l’état marital de chacun. Si les coupables se cachent dans la brousse, l’amende est multipliée par le nombre de jours où ils se seront dissimulés. Par contre, verser le sang en cas de querelle ne coûte que 7 piastres…

vers 1881

Un voyageur écrit : « La reine est Temaeva. On comptait à bord sur les largesses de cette souveraine ; vain espoir ! Les baleiniers ne rapportèrent de leur voyage que quelques fruits et un vieux coq. La plus jolie reine du monde ne peut donner que ce qu’elle a« . Il précise également : « Ces Rimatariens, menés à la baguette par leur pasteur anglais, conseiller intime de Temaeva, n’en ont pas moins en d’excellentes relations avec les farani… Des goélettes de Tahiti, portant pavillon français, font le commerce entre Rurutu et Rimatara. Les Rimatariens, au nombre de cent cinquante environ, peuvent en moyenne exporter annuellement une centaine de tonneaux de marchandises vers Tahiti, coton et arrowroot (pia) notamment».

Graines de Pia (Arrowroot)

Graines de Pia, Arrowrot

1888. Rimatara est un royaume indépendant

La France a étendu son protectorat aux îles Australes, à Tupuai en 1847, à Raivavae en 1861 et Rapa en 1887.Rurutu et Rimatara sont toujours considérées comme deux royaumes indépendants, ayant chacune leur souverain, leur drapeau, et leurs lois (quoique reconnaissant autrefois la souveraineté de Pômare).

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Sources :

Moerenhout Jacques Antoine, Voyages aux îles du grand Océan
Éllis William , Polynesian rechearches Londres 1831
Éllis William. A la recherche de la Polynésie d’autrefois. 1972 Tome II, p. 686.
Danielsson Bengt. Mémorial Polynésien, T. II, p. 447.
CTRD Iles Australes