Quel héritier choisir, son fils ou sa fille, qui sont faux jumeaux ? Un choix difficile à faire pour le roi, car sa fille est née la première alors que d’après la coutume c’est l’aîné des garçons qui devrait accéder au trône. Il décide que le premier qui arrivera en haut de la plus haute montagne de Moorea sera son héritier.

Quel héritier choisir, son fils ou sa fille ?

Un jour, le roi de Afareaitu et sa femme eurent des faux jumeaux. Une fille du nom de Avearii qui était né la première et un garçon prénommé Moearii juste après. Traditionnellement dans les familles royales polynésiennes, l’aîné des enfants succède à son père sur le trône. Mais cela était un choix difficile à faire pour le roi, car sa fille était le premier enfant alors que dans la logique de la nature des coutumes c’est l’aîné des garçons accède au trône. Pour cela le Roi décida de les élever différemment, jusqu’au jour où il devra prendre la décision de léguer son trône à l’un ou l’autre de ses enfants, dès qu’ils en seront capables et dignes.

  • Moearii, le garçon, fut élevé par l’un des grands pi’imato de Eimeo, le frère du Roi qui lui apprit les savoirs manuels pour travailler la terre, la pêche et surtout d’escalader les plus hauts endroits de Moorea, afin de pouvoir guetter l’arrivée des ennemis qui voulaient s’attaquer à leur île.
  • Avearii, la fille fut confiée à Mataura, le prêtre du village de Afareaitu, qui lui enseigna toutes ses connaissances, dont celle de demander, par la pensée, aux dieux protecteurs des pouvoirs surnaturels.

Plus les années passèrent, plus les jumeaux grandirent et plus la décision du Roi était difficile à venir puisque les jumeaux étaient tout deux héritiers. Le roi était en admiration devant sa fille Avearii, qui avait l’allure d’un grand chef mais qui ne tenait pas sa langue dans sa poche. Alors que la reine, elle, se montrait plus attentive à son fils, devenu un grand guerrier fier et robuste, mais qui ne parlait guère.

Une épreuve pour les départager, escalader le mont

Le roi demanda à son frère, le prêtre qui avait élevé Moearii, de proposer une épreuve pour les départager. Celui ci proposa alors comme défi, que les deux jumeaux escaladent la plus haute montagne de Moorea à la recherche d’une plante pour confectionner une couronne et la remettre au roi. Le premier qui y parviendrait deviendrait roi. Le Roi était satisfait car il savait que son fils savait escalader la montagne et que ses chances de réussir étaient plus grandes.

Le jour du grand défi arriva, le peuple face à la montagne attendait avec impatience le départ. Deux des pi’imato du Roi fut envoyés au sommet.

Le Roi avait réuni ses enfants et dit à chacun :

« Toi mon fils, tu escaladeras la montagne de face car tu en a l’expérience et toi ma fille, tu prendras la crête gauche. Le premier de vos deux qui arrivera au sommet sera mon successeur. Le départ vous sera donné par vos tambours au son différent qui vous suivront et nous permettront de connaître votre position. Quatre spécialistes de l’escalade grimperont sur les crêtes de la montagne et signaleront l’avance de chacun »

Le grand défi

Le départ est finalement donné par le Roi. Chacun des enfants prirent leur chemin. La fille grimpa le côté le plus long et facile alors que celui du fils était le plus court mais plus dangereux. La sœur progressa rapidement et le frère utilisa deux bois en forme de piton et une herminette et progressa rapidement mais durement. Le soleil était haut dans le ciel, il ne restait plus que la moitié à escalader. Le jeune homme s’arrêta un moment. Devant lui petit à petit la falaise devenait lisse et raide.

Avearii, voyant son frère prendre de l’avance, se dit qu’elle ne pourrait pas arriver à temps. Par la pensée, elle fit alors appel à l’aide de son dieu protecteur Pai, lui ordonnant de pointer sa lance en direction de son frère, à partir de la pointe Tata’a. En découvrant cela, le prêtre demanda aux vents d’orienter sa flèche plutôt vers un autre sommet pour que le jeune homme ne soit pas frappé. La lance frôla le mont, heurta la montagne qui se trouvait derrière et la troua pour continuer sa trajectoire jusqu’à l’île de Maiao.

Le bruit de ce choc terrible provoqua un grondement de tonnerre. Le garçon eut peur de l’énorme bruit, et à cause des vibrations, perdit l’équilibre et tomba inanimé jusqu’au pied de la montagne, alors qu’il était presque arrivé au sommet. Le Roi et son peuple observèrent la chute du jeune homme pendant que la jeune fille continuait à grimper jusqu’à atteindre le sommet. Elle fut donc proclamée Reine.

Monts Tohiea et Mou’a Puta

Par ce terrible accident, le Roi déclara au peuple en regardant la montagne :

« Mon fils est mort ici alors désormais, tu ne t’appellera plus Mou’a Tea mais « Tohi’ea » en hommage à Moearii car il a piqué son herminette sur les parois de la montagne pour arriver plus vite (en tahitien « ua tohi i te éa ») Tohi e’a, raccourci aujourd’hui en Tohiea.

Ensuite il de tourna vers la montagne percée et dit : « Par le bruit que tu as fait tu ne t’appelleras plus Mou’a Muhu mais Mou’a Puta ».

Et jusqu’à nos jours ces montagnes s’appellent ainsi.

Castilleja arvensis, le pinceau indien

Une belle fleur sauvage appelée Pinceau indien, originaire d’Amérique centrale, est naturalisée sur le mont Tohiea sur l’île de Moorea. Elle est appelée en anglais field Indian paintbrush (pinceau indien) d’après une vieille légende indienne,

Pinceau indien. Castilleja arvensis. Photo Chantal Tahiti iti

Pinceau indien. Castilleja arvensis. Photo Chantal Tahiti iti

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Sources :

Charles Manutahi. Moorea. Légende contée par Tetuarii à Papai, 2ème Maire de Afareaitu (Moorea), à son fils adoptif Charles T. Manutahi.
Ass. Te Ati Matahiapo Nui Aimeho Nei, Moorea d’autrefois. Ed. Le Motu 2006
Comité Culture de Faa’a