La légende de Terii Namihere raconte l’histoire d’un homme de Taha’a marié à deux vahine, une très belle jeune femme et une princesse. Obligé de choisir entre les deux, il opte finalement pour la première, suscitant la colère de la seconde.

Sa femme Aratemoe disparaît

Terii Namihere, un bel homme de Ahutere (Taha’a), est séduit par les beaux yeux de Aratemoe et la demande en mariage. La princesse Puutiare de Tevaitoa, qui a entendu parler de la beauté de Terii Namihere, demande à assister à leur mariage. Son dessein secret est alors de le séduire.

Terii voit la belle princesse, arrivée à Pahure, debout sur l’un des radeaux. Il court vers elle et la porte sur son épaule dans la maison de noces. Il a désormais deux femmes qui habitent dans la même maison. Chaque fois qu’il va à sa plantation, il emmène Puutiare avec lui pendant que Aratemoe reste à la maison. Ne pouvant plus supporter cette vie malheureuse, Aratemoe décide de quitter le foyer conjugal. Elle se réfugie à la pointe de Ahutere et y pleure.

Terii Namihere part à sa recherche

En revenant chez lui le soir-même, Terii Namihere n’y trouve pas Aratemoe. Inquiet, il regarde vers l’ouest. Il ne voit personne. Il regarde à l’est et voit sa femme debout de l’autre côté de la baie. Il l’appelle. Elle lui répond : « Ô Terii Namihere, mon amour, ne me poursuis pas ! Tu ne m’auras pas, je vais prendre le chemin des airs ! »

Elle court vers une montagne et fait un petit bouquet de fleurs de oro (jeunes pousses du maire). Terii y monte aussi et voit Aratemoe, le oro à l’oreille. Comme elle est belle ! Alors qu’il va l’attraper, elle lui lance son oro. Depuis, la montagne est appelée Oropiu. Elle monte plus haut sur un rocher appelé Tehaumara marama. Elle s’y assoit et regarde Namihere monter vers elle. Terii lui crie : « Cette fois, je t’aurai, tu ne m’échapperas plus. »
Aratemoe s’envole alors vers l’île de Huahine.

Peu de temps après, Terii arrive sur Huahine par la mer. Il attend. La nuit approche. Il cherche sa femme du regard. De son côté, Aratemoe scrute aussi l’horizon pour l’apercevoir. Le mari et la femme se rendent compte que tous les deux se cherchent. Terii a honte. Aratemoe pleure. Depuis, la pointe est appelée Tefaao. Gêné, Terii s’embarque sur son radeau et prend la direction de Raiatea.

Poursuivi par la princesse Puutiare

Arrivé dans la passe de Opoa, il voit plusieurs radeaux s’avancer. Il demande au premier :  » Qui cherchez-vous ? »
– Terii Namihere.
– J’y vais avec vous, Pourquoi le cherchez-vous ?
– Notre maîtresse, la princesse Puutiare, nous a donné l’ordre de le tuer. Elle est sur le dernier radeau. »

Il monte sur leur radeau et rame aussi fort qu’il le peut. De loin, la princesse a reconnu Terii. Elle dit à ses hommes d’accélérer leur allure. De son côté, Terii force la leur.

Il sait que la princesse a deviné sa présence et qu’il va être rejoint. « Je te tuerai », lui dit Puutiare.
« On verra », lui répond-il. Il saute à la mer et se change en ‘ōrie (petit mulet) et va se cacher dans une rivière, qu’on appelle depuis Vaiorie (rivière du ‘ōrie ).

La princesse, qui a aussi sauté à l’eau, s’est changée en pā’aihere (carangue) et mange tous les ‘ōrie. Ses gens, équipés d’un harpon, en tuent aussi.

Moustique

Terii Namihere se change en moustique

Pour ne pas être découvert, Terii se change en naonao (moustique) et file droit sur un îlot proche pour se cacher parmi des milliers de moustiques. Puutiare ordonne alors à ses hommes de tuer tous ces insectes. Aujourd’hui, cet îlot s’appelle encore Naonao.

Le moustique Terii vole très haut et se dirige vers la terre. Puutiare lui dit : « Je te tuerai. »
Il ne répond pas. Il sait qu’elle a plus de pouvoir que lui. Il va trouver un vieux tahu’a (sorcier) et lui demande de le sauver. Sachant que Terii était parti de l’autre coté de Opoa, la princesse y va avec ses hommes. En passant sur le sentier qui devait la mener à la cachette de Terii, elle voit un homme qui lui barre le chemin. C’est le tahu’a. Puutiare lui dit : « Laisse-moi passer.
– « Non, tu ne passeras pas. Si tu t’obstines, je te tue à l’instant même.  »

Moustique

Voyant que le tahu’a ne plaisante pas, elle boude (Faa aau) et monte sur une colline où elle pleure. De chaudes larmes y coulent en formant un petit ruisseau du nom de Vaiaau. Terii Namihere retourne chez lui et y retrouve sa femme Aratemoe. Il l’aime davantage et ne la quitte plus.


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Sources :

Relevée par M Émile Teriieroo Hiro – communiquée par Rey-Lescure – Société des Etudes océaniennes bull 114
MT dec 2016