Tourné entre 1928 et 1929 à Bora Bora, le film Tabu, a story of the South seas, raconte les amours impossibles de Matahi, un jeune pêcheur de perles et d’une jolie vahine, Reri (photo 2). Hélas, Hitu le tahua (sorcier) de l’île a destiné Reri à devenir prêtresse sacrée. Ce destin forcé lui impose un «tabou», celui de rester vierge et de consacrer son existence au service des dieux. Mais l’amour sera plus fort et les deux amants fuient au loin. Hitu les pourchasse pour faire respecter le «tabou» (tapu en tahitien).

Le très avant-gardiste Friedrich Murnau qui avait déjà à son actif « Nosferatu le Vampire » est chargé de la réalisation de ce film qui deviendra un film culte du cinéma muet des années 30. Pendant un an et demi, l’île de Bora Bora est en ébullition. Les habitants jouent leur propre rôle et se retrouvent dans l’équipe technique. Mais une sorte de malédiction semble peser sur ce film. Murnau et son équipe, n’écoutant pas l’avis des anciens, auraient violé un certain nombre de tabous locaux en choisissant imprudemment ce titre, en installant leur quartier général dans un ancien cimetière, en tournant une séquence sur un lieu interdit, le motu Tapu de Bora Bora, et pire en allumant un feu sur un marae (ancien temple)… Le tahua (sorcier) aurait maudit le réalisateur Murnau pour tous ces sacrilèges qu’il avait commis.

La réalité rejoint la fiction et les tabous de Tabou se mettent à hanter les esprits. Durant les dix-huit mois de tournage, des incidents, plus ou moins graves, perturbent le travail : noyades, intoxications, explosions mystérieuses. Comble du destin, Murnau décèdera d’ailleurs lui-même dans un accident de voiture huit jours avant la première de son film, prévue le 18 mars à New York. Une malédiction qui troublera toujours la conscience des spectateurs du film qui noteront quelques fois d’étranges perturbations lors de ses projections à Papeete et en particulier au moment de la scène sacrilège.

En 1998, également

Les techniciens de l’OTAC (Maison de la culture à Papeete), voulant en 1998 faire un montage de ce film sur vidéo, ont peiné et noté de curieuses perturbations de l’image autour de la fameuse scène. Ils ont notamment remarqué le passage d’un blanc image juste à son début. De l’inexplicable… qui explique peut-être l’incapacité des techniciens, qui au terme de mille réglages et de mille astuces, ne sont pas parvenus au mois de juillet 1998 à projeter ce film place Vai’ete à Papeete.

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Sources :

Tabu, a story of the south seas 1931
ICA Tahiti, Tabou 1998
Bob PUTIGNY Le Mana, Robert Laffont Paris 1975 p 195