Au cimetière de l’Uranie à Papeete, une grande croix de granit domine les tombes. Là fut enterré un bien étrange ecclésiastique : le Père Emmanuel Rougier, un missionnaire auvergnat, plein d’entregent et d’activités apostoliques, que les vicissitudes d’une existence mouvementée transformèrent en un colon homme d’affaires qui, le premier, découvrit et précisa la vocation touristique de Tahiti et en devint, à la tête du Syndicat d’initiative, le vigoureux promoteur.

Emmanuel Rougier

L’abbé Emmanuel Rougier nait en 1864 à La Chomette (Haute Loire) et meurt le 16 décembre 1932 à Tahiti.

Ordonné prêtre en 1888, il part la même année pour les îles Fidji où il devient un missionnaire très actif mais aussi très indépendant de sa hiérarchie avec laquelle il entre souvent en conflit. Il hérite d’un bagnard néo-calédonien une fortune colossale qu’il conserve à son seul bénéfice. Il achètera notamment les îles Fanning et Washington qu’il revendra pour acquérir, en 1907, l’île Christmas où il fonde une cocoteraie employant de nombreux Tahitiens.

Exclu de la société de Marie (Frères maristes) en 1909, il assume son destin d’homme d’affaires (allant jusqu’à faire du trafic d’alcool pendant la prohibition américaine) et s’installe à Tahiti d’où il gère ses affaires et devient un acteur important de la vie politique et économique de la colonie.

Colon fortuné, il vécu dans une propriété achetée en juin 1918 à Tahiti, actuellement le commandement des forces armées et les terrains alentour, soit trente hectares plantés. La maison d’un luxe époustouflant, avait appartenu à des Chinois trafiquants d’opium puis au directeur de la banque d’Indochine. Il y restera jusqu’à la fin de ses jours.

Il s’intéresse à l’ethnographie et fut un des premiers présidents de la Société des études océaniennes.

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Sources :

Père ODEE Tahiti catholique
Paul Boulagnon, Emmanuel Rougier – Des Isles d’Auvergne à l’Océanie, Éditions du Roure, 2002