Un hydravion de type Catalina, qui servait de liaison entre Bora Bora et Tahiti avant la construction de l’aéroport de Tahiti-Faa’a s’abîme dans le lagon de Raiatea le 19 février 1958. Deux années plus tard, un autre Catalina est également accidenté lors d’un amerrissage dur. A l’époque la seule piste d’atterrissage des Iles sous le Vent était celle de Bora Bora construite par l’armée américaine pendant la seconde guerre mondiale.

Le Catalina F-OAVV s’âbime dans le lagon de Raiatea le 19 février 1958

Le Catalina II A c/n 296 a été construit par Consolited Vultee à San Diego pour le compte de la RCAF sous matricule 9712. Il est ensuite cédé à la RAF sous matricule V9712, VA712, puis vendu à un privé et porte VR-BAB comme indicatif. Il est acquis par la RAI (Régie Aérienne Interinsulaire) et immatriculé F-OAVV.

L’avion venait de Bora-Bora. Bien avant le plan d’eau d’Uturoa où il devait amerrir, il y avait une manche à air qui indiquait un sens de vent opposé (nord) au sens dans lequel il aurait dû se présenter pour se poser. De plus, il y avait ce jour sur le lagon une certaine réfraction du soleil, qu’on appelle en langage aéronautique « le mirage ». Cette luminosité ne permet généralement pas, même au pilote confirmé de bien évaluer la hauteur à laquelle il se trouve au-dessus de l’eau.

Le pilote du Catalina, le commandant Allais s’apercevant que le vent n’était pas dans le bon sens décide, de rechercher l’amerrissage vent debout et sort à l’extérieur du récif et tourne à droite, pour revenir beaucoup plus loin. En arrivant au-dessus de la passe, il aperçoit des rouleaux dans la passe et estime qu’il peut alors se poser en sécurité à cet endroit. Il prolonge son vol latéralement au lagon et entame sa descente. A ce moment-là, il demande à son co-pilote : « A quelle hauteur sommes-nous ? ». Au lieu de regarder dehors Seitre consulte les instruments pour répondre : « Nous sommes à 18 ou 20 mètres ».

C’est à ce moment, que le commandant Allais se rendu compte qu’il se trouve dangereusement face à une petite pointe et décide de faire un léger virage en glissade pour gagner quelques mètres afin de se retrouver dans l’axe du plan d’amerrissage. Dans cette glissade il perd un peu de hauteur et l’extrémité de l’aile droite de l’avion qui est inclinée touche brusquement l’eau du lagon. Le ballonnet droit (flotteur de bout d’aile) est arraché. Les mâts qui soutiennent l’aile par rapport à la coque sont cisaillés. L’aile repoussée par l’eau se retrouve pratiquement bloquée. Le fuselage du Catalina est ainsi déplacé latéralement à l’aile. L’hélice du moteur droit qui tournait toujours à au moins 2500 tours cisaille la coque à la hauteur du poste de pilotage. Le co-pilote Seitre meurt sur le coup, le sommet du crâne décapité par l’hélice. Le commandant Allais subit le même sort, lui aussi horriblement atteint. L’avant de la coque arrachée éjecte les deux malheureux. A Raiatea, pendant quelques mois, plus personne ne voulait manger de crustacés. On craignait qu’ils ne se soient nourris avec les corps restés au fond de l’eau.

L’expert officiellement désigné par la justice devait donc conclure :

Si au lieu de se fier aux instruments de bord, le commandant s’était contenté de regarder les cocotiers qui se trouvaient à sa droite sur les deux îles, il aurait sans doute mieux apprécié sa hauteur par rapport au plan d’eau. Et l’accident ne se serait certainement pas produit.

Epave du Catalina F-OAVV à Raiatea en février 1958

Epave du Catalina F-OAVV à Raiatea en février 1958.
Photo Michel Liaut

Epave du Catalina F-OAVV à Raiatea en février 1958

Un second accident en octobre 1960

Deux ans plus tard, en octobre 1960, un autre Catalina, est également accidenté lors d’un amerrissage dur à Raiatea. Celui ci, le PBY-5A c/n 1689 a été construit par Consolidated Vultee au profit de l’US Navy sous le matricule 48327, puis exploité sous indicatif civil N1520V . Il est ensuite acquis par la RAI (Régie Aérienne IInterinsulaire) et immatriculé F-OAYD. Ce Catalina accidenté est ramené à Papeete.

Jugé irréparable et déséquipé de toutes pièces pouvant être récupérables, il est remorqué et sabordé en novembre 1962. Il gît désormais par 25 m de fond dans le lagon de Faa’a à la fausse passe (lieu dit “Moana Faao” sur les cartes marines) pas très loin des épaves d’un petit avion Cessna et d’une goélette.

Le mirage a sévi deux fois !

Epave de l'hydravion Catalina dans le lagon de Faa'a.

Epave de l’hydravion Catalina dans le lagon de Faa’a.

Epave de l'hydravion Catalina dans le lagon de Faa'a.

La suite des tribulations des Catalina polynésiens

  • Le 20 avril 1966, l’hydravion Catalina n°48 est victime d’une ouverture intempestive de trappes de train avant à l’amerrissage à Reao au Tuamotu (lire l’article)
  • Le 3 septembre 1965, l’hydravion Catalina n°20 heurte un récif corallien au cours du déjaugeage à Hikueru  au Tuamotu (Lire l’article)
  • Le lendemain, 4 septembre 1965, le Catalina n° 39 vient au secours du n° 20, amerrit correctement mais ensuite pendant la nuit rompt ses lignes de mouillage suite à des rafales de vent, et s’abîme sur un récif corallien. (Lire l’article)
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Sources :

Mazelier : Mémorial polynésien
Olivier Babin juin 2011
Pilotes du feu http://cansonet.free.fr
Photo 1 : Epave du catalina F-OAYD, Sylvain Girardot / Plongée Photo Polynésie
Photo 4 : Epave du Catalina F-OAYD, Blog Recif tapete http://recif-tapete.fr/
Photo 3 : Epave du Catalina F-OAVV http://www.pilotesdufeu.com/cansonet –
Archives Tahiti Heritage