Tahiti Heritage vous transporte au milieu de fleurs aux couleurs extraordinaires, l’Hibiscus rosa-sinensis, et vous dévoile quelques petits secrets de leurs créations.

Originaire d’Asie et les îles du Pacifique, l’Hibiscus rosa-sinensis est le Tiare ‘Aute des polynésiens. Son nom Hibiscus vient du grec « hibískos », l’ancienne appellation grecque de la guimauve. Ses noms « Rosa sinensis » signifie en latin « Rose de Chine » fait allusion à une origine chinoise.

En Australie, les premiers hibiscus ont été introduits au début des années 1800, mais sa culture s’est développée plus tard, lorsque des plants ont été importés de l’Inde pour l’aménagement paysager de Brisbane. L’Hibiscus s’est développé à Hawaii à la fin du 19ème siècle avec des plantes venues de Chine qui ont été croisées avec espèces indigènes hawaïennes. Mais c’est surtout en Floride que l’Hibiscus a pris son essor sur le continent américain.

La vraie ‘Aute rouge de Tahiti

En Polynésie, la vraie ´Aute simple rouge, ´Aute maohi ou ´Aute raau, existe depuis fort longtemps à Tahiti. En 1769, on la retrouve sur les dessins de Sydney Parkinson qui accompagna James Cook lors de son premier voyage et quelques spécimens séchés sont conservés au British Museum.

Les anciens Tahitiens jalonnaient avec des plants de Aute rouge les sentiers qui conduisaient aux cols entre les vallées. Maurice Jay raconte que lors de sa traversée de Papenoo à Mataiea :

« Lorsqu’on hésite dans une vallée, on monte dans un arbre et l’on scrute longuement la mer de verdure qui recouvre le flanc de la montagne on peut avoir la chance d’apercevoir un bouquet de fleurs rouges à demi noyé dans la brousse. Teie te ea ! J’ai trouvé le chemin. »

Hibiscus rosa sinensis simple © Tahiti Heritage

L’essor des Hibiscus à Tahiti

Le Docteur Johnstone introduit à Tahiti en 1845, le aute rouge double et de nombreuses espèces d’hibiscus rosa sinensis de différentes couleurs. A partir de 1998, de nouvelles variétés provenant de Floride et d’Australie ont été introduites à Tahiti avec l’aide de Richard Johnson, un américain résident à Punaauia. Dick pour les amis, est un fervent passionné d’hibiscus qui créa l’International Hibiscus Society.

Son ami Talo Pambrun a multiplié les plantes en greffant ces nouvelles variétés d’hibiscus hybrides en utilisant comme porte-greffe de vieilles variétés d’hibiscus plus résistantes. Sur la même plante, il s’amusait à greffer des branches de fleurs de couleurs différentes. Son élève Kapo de Moorea a pris la relève et propose à la vente de nombreux hibiscus aux couleurs variées. Dick Johnson s’est plutôt spécialisé dans hybridation d’hibiscus et a créé de nombreuses nouvelles variétés aux formes et couleurs extraordinaires, qui a toutes baptisé du nom « Tahitian ».

Hibiscus, une fleur pleine de vertus

La fleur d’hibiscus est traditionnellement portée dans les cheveux par les polynésiennes. La tradition raconte que si la fleur est portée à droite, la femme est célibataire ou disponible pour une relation. Par contre si la fleur est à gauche, elle est mariée ou en relation.

La fleur d’hibiscus présente des propriétés émollientes et adoucissantes. Les fleurs sont utilisées fraîches ou cuites à l’eau en cataplasmes, en gargarisme, ainsi qu’en infusion ou décoction. Les racines de l’Hibiscus rosa-sinensis servent pour les traitements contre la toux et les feuilles comme un laxatif. Les fleurs peuvent également être utilisées en cas d’infection intestinale par un type de E. Coli.

La fleur de l’hibiscus rosa sinensis est une vraie merveille de la nature. Elle s’utilise en anti-oxydant pour la peau, en tonique pour la perte de cheveux ou les cheveux grisonnants et pour de multiples traitements capillaires. Les pétales d’hibiscus étaient utilisés pour fabriquer une teinture noire qui servait de cosmétique pour se noircir les sourcils.

Le jus des pétales est utilisé en Inde pour cirer des chaussures.

Hibiscus rosa sinensis fané © Tahiti Heritage

Fleur fané d’hibiscus rosa sensis © Tahiti Heritage

Envers d'Hibiscus rosa sinensis © Tahiti Heritage

Envers d’une fleur d’hibiscus rosa sensis

Le secret du mariage d’Hibiscus

La plupart des hibiscus vendus à Tahiti sont les « variétés de jardin » communes qui ont été propagés par boutures, marcotages ou greffes. Mais il est également possible de créer de nouvelles variétés d’hibiscus hybrides par pollinisation artificielle croisée. Dick Johnson, hybrideur spécialiste, explique qu’il suffit de transporter le pollen des étamines d’une plante que l’on définira comme « Père » sur les stigmates du pistil d’une plante porteuse que l’on définira comme « Mère » pour obtenir une fécondation croisée porteuse mais d’une inconnue totale.

Si la pollinisation est réussie, les pétales de la fleur « Mère » tombent après quelques jours et le fruit commence à se développer. Il lui faut environ deux mois, pour arriver à maturité, mais malheureusement souvent le futur fruit tombe avant de se développer correctement. Le fruit s’ouvre et laisse apparaitre de petites graines noires qui peuvent être plantés dès qu’elles sont sèches ou conservées pendant plusieurs mois. Il est préférable de planter en pots toutes les graines de la capsule afin d’obtenir le plus grand nombre possible de jeunes plants hybrides et de faire la sélection ultérieurement.

Les graines vont germer et six à dix huit mois plus tard vont produire une plante avec une fleur ayant les qualités des deux plantes parentes. Cette fleur est génétiquement unique. Certaines peuvent être spectaculaires et d’autres être moins belles que celles de leurs parents.

Car comme on peut le constater sur la photo du mariage entre les variétés Grand Hyatt (Mère) et Sylver Memory (Père ), la variation entre les semis d’une même gousse est très grande. Cette variation touche toutes les caractéristiques de la plante, sa taille, son feuillage, la taille de la fleur et surtout ses couleurs.

Mariage de fleurs d'hibiscus rosa sensis. Photos Dick Johnson

Mariage de fleurs d’hibiscus rosa sensis. En haut, la mère Grand Hyatt à gauche et le père, Sylver Memory à droite. Dessous les enfants issus du mariage. Photos Dick Johnson (International Hibiscus Society)

C’est un travail fastidieux. Seuls des hybrides de grande qualité peuvent prétendre à un futur valable. Une sélection rigoureuse ne retiendra qu’un cultivar à développer sur environ mille semis réalisés. Patience et ténacité sont les règles d’or des hybrideurs sérieux.


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Sources :

Olivier Babin. Festival de couleurs chez les Hibiscus. Fenua TV  janvier 2016