La prise du fort de la Fachoda, situé sur les hauteurs de la vallée de la Fautaua, le 16 décembre 1846, est un des grands épisodes de la guerre franco-tahitienne.

Lors de la révolte de 1846, au mois de mai, après le combat de Papenoo, le gouverneur Bruat s’arrêta dans la vallée de la Fautaua et détruisit les retranchements que les rebelles avaient abandonnés. Mais ceux-ci s’étaient fortement retranchés dans la haute vallée qui revêtait une grande importance stratégique, sa configuration naturelle la transformant en forteresse quasiment inexpugnable. Aussi les révoltés, torts de cette position, en profitaient-ils pour provoquer journellement des sorties de harcèlement contre les établissements français et entretenir une guérilla.

Le gouverneur Bruat qui souhaite porter un coup décisif organise au mois de décembre 1846, la prise du fort de la Fachoda.

Le fort de la Fachoda à Fautaua

Le fort de la Fautaua est situé « sur un pâté de montagnes à pic de tous côtés ». Pour y accéder depuis la vallée, ils doivent emprunter un sentier des plus dangereux. Bruat écrit : « Ce sentier est pris en flanc et en tête, pendant toute sa longueur qui est de deux ou trois cent pas, par une redoute crénelée. » Au sommet du sentier les tahitiens sont parés à attaquer avec de gros rochers.

Le contournement de la montagne

C’est alors que Mairoto, un indigène de Rapa, proposa de prendre par surprise la garnison de Fautaua. Il était chasseur de phaéton (oiseau) et connaissait parfaitement tous les sentiers de la vallée. Sous la direction du commandant Bonnard, deux colonnes furent formées; la première, confiée au lieutenant de vaisseau Brue, comprenait l’artillerie et la compagnie de débarquement de L’Uranie, la seconde, dirigée par le capitaine Masset, était constituée de voltigeurs et de la 31e compagnie du 1er régiment d’infanterie de Marine.

Le 16 décembre, la troupe occupa seulement l’entrée de la vallée afin de ne pas effaroucher l’ennemi. Pendant ce temps, Mairoto se rendit en mission de reconnaissance au sommet de la montagne. Le lendemain Mairoto repartait en compagnie de 61 volontaires, pendant que le capitaine Masset simulait une attaque par la vallée, pour faire diversion. L’ascension était difficile, comme le raconte Bonard :

« Ils sont montés tout nus, n’ayant que des cartouches et leurs fusils. Après des peines inouïes, ils sont parvenus à se hisser au-dessus de la montagne. »

Le soir les volontaires parvenaient sur le plateau dominant les retranchements des rebelles et surprenaient les tahitiens insurgés sous le feu de leurs armes. Ceux-ci, croyant à une intervention surnaturelle, se rendirent sans combattre.

Poursuivant son avance, la colonne française atteignit la vallée de Punaauia où les tahitiens s’étaient retranchés. Déjà bloqués dans le bas de la vallée leur position devint, de ce fait, intenable et ils se rendirent le 22 décembre. Le 24 c’était au tour de Papenoo. C’était la fin de la guerre franco-tahitienne.

La prise du fort de la Falchoda, peint par Charles Giraud

C’est cette percée que relate le tableau du peintre Charles Giraud, peint en 1857. L’artiste insiste particulièrement sur la topographie du terrain et rend particulièrement bien la vertigineuse verticalité des attaques. Deux masses, celle des soldats en bas, des roches en haut, se trouvent reliées par une simple corde si ténue qu’on croirait qu’elle va céder. Combat aérien où les soldats sont comme suspendus dans l’espace.

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Sources :

Peinture : Charles Giraud 1857 , Prise du fort de la Fautaua le 17 décembre 1846
Plan du fort de la Falchoda : Archives nationales d’outre mer – FRANOM – Polynésie française 1866
Mémorial de la Polynésie Tome 2 page 155.