Les monuments de Papeete ont-ils des jambes ?

Ces dernières années plusieurs monuments historiques de Papeete, la clé à molette, le monument aux morts et la stèle de l’Autonomie, ont été déplacés d’un coin à l’autre de la capitale. Un ami historien, à qui nous faisions part de notre étonnement de ces déménagements successifs, nous réconfortait en nous disant qu’ « un monument qui bouge est un monument qui vit ».

La première stèle à l’Est de Papeete

Au beau milieu du carrefour du pont de l’Est, rebaptisé « Place de l’autonomie » à Papeete, se dressait depuis un vendredi soir de juin 2006 une pierre de huit tonnes trouvée dans la vallée de Tipaerui.

Quelques jours auparavant, Pierre Bonno de la mairie de Papeete, au prénom prédestiné, avait été chargé de trouver une pierre de belle taille. Au niveau de l’ancienne usine Tamara Nui à Tipaerui, son regard était arrêté par plusieurs rochers couchés, côté montagne. L’homme avait l’œil, mais surtout le nez fin, car sous la broussaille envahissante, il n’a aperçu qu’une partie. Cette forme triangulaire visible cachait un iceberg. Bingo ! Une belle bête, digne de devenir une stèle. Le vendredi soir suivant, vers 20 heures, la pierre était scellée au milieu du carrefour du Pont de l’Est.

Quelques jours plus tard, le 29 juin 2006 à l’occasion de la Fête de l’autonomie, la pierre badigeonnée de monoï, est officiellement dévoilée par Michel Buillard, le maire de Papeete en présence de nombreux élus de partis autonomistes.

Le drapeau français aux couleurs inversées le 29 juin 2007

Le drapeau français aux couleurs inversées le 29 juin 2007

Première place de l'Autonomie, au Pont de l'Est à Papeete en 2007

La première place de l’Autonomie, au Pont de l’Est à Papeete en 2007

Un an plus tard, jour pour jour, le 29 juin 2007, la pierre se couvre des lettres « 29 juin » et deux petits drapeaux, celui de la Polynésie et un autre tricolore qui se voulait être le drapeau français, mais dont les couleurs étaient inversées Rouge, Blanc, Bleu (photo ci-dessus). Sacrilège ! Le bleu du drapeau français aurait dû être près de la hampe. Quelques semaines après, l’erreur est réparée, mais en septembre 2007, les petits drapeaux sont arrachés par des collectionneurs.

L’autonomie vire à l’ouest

Sept ans plus tard, en 2014, une nouvelle grosse pierre bien banale est dressée à l’ouest de Papeete dans les jardins de Paofai, en guise de stèle de l’Autonomie (photo 1), alors que l’on s’attendait à une belle sculpture de nos artistes locaux.

Deux stèles de l’autonomie dans la même ville c’était trop. Quelques semaines plus tard à l’autre extrémité de Papeete, la pierre du Pont de l’Est est déshabillée de ses drapeaux et inscriptions.

La stèle de l'Autonomie, au Parc Paofai à Papeete en 2014

La stèle de l’Autonomie, au Parc Paofai à Papeete en 2014

Le tiki du dieu Rao de Mangareva

Le tiki du dieu Rao de Mangareva

A gauche, un tiki semble garder cette grosse pierre. Il ressemble grossièrement (le terme est bien approprié car il est bien en chair) au tiki du dieu Rao de Mangareva, le dieu de la débauche.

Est-ce le hasard ou une blague ?


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Sources :

Mairie de Papeete
Archives Tahiti Heritage