Papeete possède une histoire singulière, née de rencontres entre missionnaires, rois et navigateurs. De Wilk’s Harbour à capitale polynésienne, la ville révèle un passé riche et fondateur.
Les origines de Papeete avant sa fondation
En 1767, les navigateurs européens mouillent surtout dans la baie de Matavai. Pendant plusieurs décennies, Papeete n’existe pas encore. Il faut attendre 1818 pour voir naître le futur centre politique du royaume tahitien.
Ce jour-là, le pasteur William Pascoe Crook, un ancien missionnaire du Duff, fonde une mission. Cet acte marque officiellement la naissance de Papeete.
Wilk’s Harbour : le premier visage de Papeete
Crook revient en Polynésie en 1816, après quinze ans en Australie. Il aide d’abord les missionnaires d’Afareaitu, puis installe sa propre mission à l’est de Pare.
Il baptise l’endroit Wilk’s Harbour, en hommage à un dirigeant de la London Missionary Society. Le site n’attire pourtant pas. Ce n’est alors qu’une zone marécageuse, peu habitée et envahie de moustiques.
Le pasteur s’adapte. Il construit sa maison sur la colline Faiere. À Paofai, il élève deux fare pote’e destinés à l’école et au culte. Ce noyau deviendra l’un des premiers lieux structurés de la future capitale.

La baie de Papeete en 1848, par Shipley Conway

La baie de Papeete en 1848, par Shipley Conway
La transformation progressive de Papeete
Au début des années 1820, la baie ressemble à un village éclaté sous les arbres tropicaux. Malgré son apparence modeste, le site évolue vite. Les habitants de Tipaerui, Hamuta, Fautaua et Pirae rejoignent la mission. Des Paumotu viennent aussi s’y établir.Ils remblaient les abords et façonnent peu à peu l’espace.
En cinq ans, Wilk’s Harbour compte près de mille habitants. La future capitale prend forme.
Hope Town, la ville de l’espoir
Les Européens nomment la bourgade Hope Town (ville de l’espoir). Les Polynésiens préfèrent Vai’ete, du nom de la rivière locale. Un tabu linguistique modifie toutefois ce nom. Vai’ete devient rapidement Papeete, terme désormais indispensable pour l’histoire de Tahiti.
En 1824, le missionnaire Pritchard s’installe à Paofai. Il y construit une grande maison près de la plage. Voici la description de Papeete qu’a fait à cette époque un officier de la marine française, Gabriel de Lurcy :
« Ce n’est ni une ville, ni un village, ni un hameau, et on chercherait vainement dans notre langue un mot qui pût définir ce genre d’établissement. Figurez-vous une foule de petites cases construites sans ordre au milieu des orangers, des cocotiers, des goyaviers et des arbres de toutes espèces qui ombragent le rivage courbé en forme d’arc sur les bords de la rade : là rien d’imposant, mais tout apparaît gracieux et pittoresque. »

Vue de Papeete en 1869, par Nicholas Chevalier.
Papeete, centre politique du royaume
Le pasteur Crook séduit Pomare II grâce à son dynamisme. Le roi vient souvent sur la presqu’île voisine pour travailler sur les traductions bibliques. Crook le soigne et gagne sa confiance.
En 1827, Aimata, future Pomare IV, quitte Papaoa pour s’installer à Papeete. Ce déménagement confirme l’importance politique du lieu. Cette ville devient alors le cœur du royaume tahitien.
Comment Papeete devient capitale
La France privilégie d’abord les Marquises. Toutefois, les événements changent la situation. En 1842, Dupetit-Thouars impose le protectorat français sur Tahiti. En 1843, il proclame l’annexion.
En 1844, le capitaine Bruat défend avec force le choix de Papeete comme capitale. Le capitaine de génie Raimbault conçoit les premiers plans européens de la ville.
Après la guerre franco-tahitienne, les travaux d’urbanisme commencent réellement. La ville se transforme rapidement. Les rues apparaissent. Les bâtiments officiels s’élèvent. Le paysage change en quelques mois.
Le 20 mai 1890, Papeete devient officiellement une commune.
Sources :
Archives TAHITI HERITAGE
IA 11 déc 2025




