Un couvent, pour les jeunes filles des Gambier

Le couvent de Rouru, créé par le Père Cyprien en 1836, témoigne de « l’effort de la mission pour la promotion des femmes aux Gambier« . Au temps de sa splendeur il abritait 150 personnes, femmes, jeunes filles et enfants qui vivaient en communauté. On accédait à cette vaste propriété, fermée de murs et contenant plusieurs corps de bâtiments séparés et indépendants, par une belle allée d’orangers, le chemin des sœurs, qui conduit à un portail monumental.

A gauche en rentrant, se trouve un bâtiment abritant la chapelle Saint-Agathe, bénite en 1850, et l’infirmerie.

Plus loin au milieu de l’enclos se situait la maison des religieuses qui comportait une grande salle de chapitre pouvant aisément contenir soixante religieuses et leurs hôtes de passage, et une chambre commune.

Dans ce petit couvent, on apprend à lire à écrire à ces jeunes filles, vouées aux pratiques journalières de la religion. À leurs heures de loisir, elles doivent chacune se livrer à la culture d’une petite étendue de terrain qui leur est concédée, puis ce sont elles qui récoltent le coton, en épluchent la bourre avant qu’il soit livré à la fabrication des étoffes. L’écriture de ces jeunes filles est généralement bonne… Leur papier ordinaire consiste en feuilles de bananiers séchées pour les débuts, et elles n’ont du papier de chiffon que quand elles sont déjà avancées en calligraphie. M. de La Tour (Frère Urbain) a extrait du brou de noix de cocos le principe astringent avec lequel il compose l’encre à écrire »….

Le pensionnat

Au fond à gauche de l’enclos du couvent, se trouvait le pensionnat, une grande bâtisse en pierres de 20 m de longueur, qui servait principalement de dortoir (photo 4 ) et une bâtisse plus petite, de lingerie ou remise.

Au rez-de-chaussée se trouvait la salle qui servait d’ouvroir et de réfectoire par mauvais temps ; une pièce contiguë où étaient remisés les quenouilles et le coton à  ; puis la chambre à coucher commune à la supérieure et à ses deux assistantes.

Au-dessus s’étendait le spacieux dortoir de 30 lits des congréganistes tout parqueté en belles planches et bordé de chaque côté par des nattes en écorce lisse de pandanus. Chaque lit se composait d’un matelas, d’un drap de toile fine et d’une couverture de laine blanche. Des nattes protégeaient ces couvertures de la poussière. À la tête des couchettes et piqué dans la toiture en feuilles de pandanus, était un petit crucifix en cuivre, ainsi que des quenouilles garnies de laine d’une blancheur irréprochable. Blanchie et filée par les religieuses, cette laine servait à confectionner leurs robes, dont l’étoffe était tramée par les tisserands de la mission.

Dans un coin du parc du couvent, se trouve les vestiges d’une dizaine de cabinets en dur avec des murs en pierre, aux sièges percés en pleine pierre. Les sœurs avaient le droit à un certain confort. Quelques feuilles vertes agrémentent ce « petit coin » très typique, et très aéré. (photo 5)

Pensionnat du couvent de Rouru

Le Pensionnat du couvent de Rouru

Latrine du couvent de Rouru, à Mangareva, Gambier. ©TAHITI HERITAGE

Latrine du couvent de Rouru, à Mangareva © Tahiti Heritage

Une étrange fosse

Au fond de l’enclos se trouve cette étrange fosse rectangulaire aux extrémités arrondies. Ni les écrits du Père Laval, pourtant prolifiques, ni la tradition orale n’a permis de préciser sa destination. Plusieurs hypothèses plus ou moins contestables ont été évoquées :

  • une grande fosse à ma, utilisée comme garde manger pour conserver le uru fermenté pour l’ensemble des pensionnaires du couvent ;
  • un bassin pour récolter l’eau provenant des bâtiments ;
  • une fosse septique pour recevoir les eaux usées des toilettes.

Le mystère demeure.

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Sources :

LAVAL Mémoires pour servir à l’histoire de Mangareva. Société des Océanistes 1968 p CXV et 581
FENELON, Service de l’Urbanisme 1971 Patrimoine architectural antérieur à 1900 (ROU 01)
Frère SOULIE : Mon clocher à Mangareva.