La légende du marae Tainu’u du domaine des ari’i de Tavaitoa à Tumaraa, raconte qu’un lézard abandonné par sa mère adoptive, la belle Hina de Maupiti, pleura jusqu’a sa mort sur ce marae.

Hina et son animal de compagnie, un lézard

Sur l’île de Maurua, connue aujourd’hui sous le nom de Maupiti, vivait une jeune et très belle fille qui s’appelait Hina.

Hina prit en charge de nourrir un lézard ; après quelques temps, le lézard devint énorme, si énorme que Hina prit peur et décida de l’abandonner sur l’île et de s’enfuir très loin. Or le lézard, une fois qu’il a bien mangé, prend quatre journées entières à dormir afin de digérer. Et c’est sur cette longue digestion que la belle Hina avait misé pour s’enfuir. Elle prépara encore à manger et plaça la nourriture à côte du lézard endormi. Puis elle s’enfuit jusqu’à la plage. Quand le lézard se réveilla, il fut tout étonné de trouver sa nourriture déjà prête alors que d’habitude, il fallait qu’il grogne pour que Hina prépare sa nourriture. Il mangea et se rendormit.

Le requin VTC

Au même moment sur la plage, Hina parlait avec un requin et lui demandait s’il pouvait l’emmener très loin de là. Le requin acquiesça en lui disant qu’il fallait qu’elle aille chercher trois noix de coco vertes. Ce qu’elle fit.

Lorsqu’elle revient, elle s’installa sur le dos du requin, lequel prit aussitôt le large à toute vitesse. Hina était toute contente de quitter l’île de Maupiti, et, surtout de quitter le gigantesque lézard. Après quelques heures de trajet, Hina demanda de s’arrêter un court instant car elle avait grand besoin d’uriner. Le requin lui dit que c’était impossible parce que s’il s’arrêtait, il mourrait asphyxié. Il dit encore que cela lui était égal si elle urinait sur son dos; elle le fit. Depuis ce jour et jusqu’à présent, lorsque l’on attrape un requin, il sent très fort l’urine.

Requin, tapete. Photo Sylvain Girardot

Requin, Tapete. Photo Sylvain Girardot

Après encore quelques temps, Hina demanda au requin de s’arrêter pour qu’elle puisse boire de l’eau d’une noix de coco. Le requin lui dit de décortiquer le coco sur son dos en le frappant sur (son aileron). (…)

Ils continuèrent leur voyage. Elle demanda encore une fois de s’arrêter parce qu’elle voulait encore boire ; le requin lui dit de taper cette fois sur l’avant supérieur de son museau et de ne plus toucher son dos parce qu’il avait très mal. Elle s’exécuta et jusqu’à nos jours, la partie supérieure de son museau est plate. Ils continuèrent leur chemin et l’on entendit plus parler de Hina et du requin.

Le lézard abandonné par sa mère adoptive

A son réveil, le lézard se rendit compte que sa nourrice était partie. Il prit le chemin de la plage, entra dans l’eau et commença à nager jusqu’à Raiatea, et plus exactement dans la commune de Tevaitoa, à la pointe Tauao.

Là, il pleura car il avait réalisé qu’il ne pourrait plus retrouver sa nourrice Hina; et tout en pleurant, il marmonnait quelques mots :

ho’e nu’u ra’a – hoe tai ra’a
ho’e nu’u ra’a – ho’e tai ra’a
eaha pa’i te aura’a ?
ho’e nu’u ra’a – ho’e taira’a.

Marae Tainuu de Raiatea. Photo Rita Willaert

Marae Tainu’u de Raiatea. Photo Rita Willaert

Le marae de Tau-ao de Tevaitoa prit le nom de Tainu’u, pour la simple raison que c’est à cet endroit précis que le lézard pleura jusqu’à sa mort.

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Sources :

Version recueillie par Félix Faaeva
NB : Les sous-titres ont été rajoutés par la rédaction