le 3 août 1914, la guerre éclatait en Europe.

Le croiseur français Montcalm, de l’escadre d’Extrême-Orient, mouillait alors dans la rade de Papeete. Informé de la gravité de la situation par la radio du bord, l’amiral Huguet décida de regagner Nouméa au plus vite, laissant Tahiti sous la seule protection bien fragile de la Zélée. Cette petite canonnière vieillissante de 680 tonnes, basée à Papeete depuis une douzaine d’années, était commandée par le lieutenant de vaisseau Maxime Destremau, 39 ans, qui se trouva du jour au lendemain bombardé responsable de la défense de la colonie.

La canonnière Zélée en rade de Papeete vers 1910. Photo Lucien Gauthier

La canonnière Zélée en rade de Papeete vers 1910. Photo Lucien Gauthier

Le 29 août 1914, la confirmation officielle de la guerre contre l’Allemagne était apportée par un paquebot assurant la ligne entre Sydney et San Francisco. Tous les citoyens allemands résidant à Tahiti (ils représentaient alors plus de la moitié du commerce local) furent aussitôt enfermés à Motu-Uta.

Le 22 septembre 1914

Puis, pendant de longues semaines, il ne se passa rien. Mais, au matin du 22 septembre 1914, deux imposants navires se profilèrent à l’horizon. Il s’agissait des croiseurs allemands Scharnhorst et Gneisenau détachés de l’escadre allemande du Pacifique cherchant à regagner l’Allemagne le plus rapidement possible. Ils avaient un urgent besoin de vivres et surtout de charbon. Or, Papeete disposait justement d’une importante réserve de charbon et l’amiral Von Spee le savait. Il n’ignorait pas non plus que la ville était faiblement défendue.

En dépit du déséquilibre flagrant des forces en présence, les Allemands ne parvinrent pas à conquérir Papeete ni à s’emparer du charbon. Vers huit heures du matin, ce mardi 22 septembre, alors que les populations affolées par la présence des navires ennemis s’enfuyaient vers les hauteurs et les autres districts de Tahiti, les premiers coups de canon éclatèrent, mais sans faire de dégâts apparents.

Aussitôt, Destremau ordonna la destruction des deux mille tonnes de charbon et le dynamitage de la passe. L’ennemi se vengeait en coulant la petite canonnière La Zélée.

Le bombardement

Bombardement de Papeete, le 22 septembre 1914

Papeete bombardé, vue du quai du commerce, au fond la rue de Rivoli

Bombardement de Papeete, le 22 septembre 1914

Papeete bombardé, vue du quai du commerce, à droite la rue de la cathédrale 

La canonnade reprit ensuite vers huit heures trente pendant quarante-cinq longues minutes. cent vingt obus de 204 mm tombèrent sur Papeete, détruisant de nombreuses maisons presque toutes en bois.

Le centre de Papeete fut détruit par les obus mais surtout par l’incendie qui se déclara et se propagea rapidement aux constructions en bois du centre ville, autour du marché notamment. Il n’y eut que deux victimes, les habitants ayant déserté le quartier.

Vers dix heures, les croiseurs allemands s’éloignèrent vers l’est et les Marquises avant de gagner les îles Falkland (Malouines) où ils furent surpris et coulés par les Anglais.

L’incendie de Papeete dura trois jours. Il ne fut maîtrisé que dans la soirée du 24 septembre, et la réserve de charbon brûla pendant six mois.

« Le feu avait détruit tout le bloc entre la rue de la Cathédrale, la rue de Rivoli, la rue Colette et la partie basse de la rue Bonard et le quai du Commerce. L’aspect de ce quartier vers 14 heures était terrible à voir. (…) Du parvis de la Cathédrale jusqu’aux quais, on ne voyait que ferrailles et tôles ondulées calcinées, tordues et quelques pans de murs noircis encore debout. » (Bengt Danielsson, Papeete 1818 – 1990)

Le marché après le bombardement de Papeete, le 22 septembre 1914

Le marché après le bombardement de Papeete du 22 septembre 1914

 bombardement de Papeete, le 22 septembre 1914

Papeete après le bombardement du 22 septembre 1914

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Sources :

Bengt Danielsson, Papeete 1818 – 1990