L’avenue Pouvanaa A Opaa, ex avenue Bruat,est intimement liée à celle du premier gouverneur de Tahiti, Armand Joseph Bruat, qui fit de Papeete une véritable capitale. L’une des plus anciennes artères de la ville est devenue le cœur d’un quartier historique, politique et administratif.

Rue Bougainville et rue de la Reine Blanche

Lorsque le Gouverneur Bruat la choisit pour capitale en 1843, Papeete n’était encore qu’un village. Aussi, l’avenue Bruat fut-elle, avec le Broom (artère parallèle au rivage), certainement l’une des premières voies construites à travers l’agglomération. Elle permettait, en effet, d’accéder au quartier Sainte-Amélie où logeaient les familles de colons venus à Tahiti pour bâtir le Papeete français. Elle figure ainsi sur certaines cartes postales anciennes sous le nom d’avenue Sainte-Amélie (photo 1).

L’actuelle avenue Pouvanaa A Opaa était divisée en deux tronçons la rue Bougainville (portion deux fois moins large allant du front du mer jusqu’au premier croisement), puis la rue de la Reine Blanche. Cette dernière doit son nom au navire qui débarqua à Papeete le 1er novembre 1843 avec, à son bord, l’amiral Dupetit-Thouars. À Tahiti, la situation était tendue. Poussée par le consul de Grande-Bretagne, Pritchard, la reine Pomare IV rejetait le protectorat. Le 6 novembre, le signal d’expiration de l’ultimatum sommant la reine d’arborer à nouveau le drapeau français, fut donné de la Reine Blanche. Dupetit-Thouars fit alors débarquer ses troupes. L’ombre de la guerre franco-tahitienne planait déjà sur Papeete…

Avenue Bruat puis Pouvanaa a Oopa

Avenue Bruat à Papeete en 1960

L’avenue Bruat vue du carrefour central vers la montagne en 1960. 

Avenue Pouvanaa a Oopa à Papeete en 2014

L’avenue Pouvanaa A Opaa aujourd’hui, vue vers la mer depuis le carrefour de la rue Dumont Durville

C’est le 15 juillet 1880 (par arrêté du commandant commissaire de la République Chessé) que la rue Bougainville et rue de la Dame Blanche furent rebaptisées en avenue Bruat. Au début du siècle, le commissariat, le palais de Justice et la caserne étaient déjà situés de part et d’autre. En 1923, le monument aux morts de la Grande guerre est édifié au milieu de l’avenue. En 1933, l’avenue Bruat devint propriété de la commune et vint s’intégrer au nouveau plan d’alignement portant élargissement à dix mètres des rues de la ville.

Bordée par ses majestueux maru maru (Albizia saman) centenaires, l’avenue Bruat est l’une des plus belles artères de la ville. Rien d’étonnant que les administrations et les politiques aient choisi de s’y installer, s’inspirant de l’architecture militaire et coloniale du début du siècle. En 1990, le Conseil Economique Social et Culturel (CESC) et en 2003 le Bâtiment de la Culture et de l’Académie tahitienne sont construits sur le modèle des anciennes écuries du parc de l’artillerie. La Présidence du Gouvernement est construite en 2000 s’inspire de l’architecture de la caserne Broche.

En 2007, l’avenue Bruat est rebaptisée du nom du père de l’autonomie Pouvanaa A Oopa.

A terme, cette avenue pourrait prétendre à devenir un pôle d’attraction, surtout si le projet visant à aménager ses contre-allées en espaces piétonniers, voyait le jour… Elle retrouverait alors sa vocation d’être la rue la plus prestigieuse de Papeete. Nos Champs Elysées locaux !

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Sources :

Raymond Pietri. Papeete, Bulletins de la Société des Etudes Océaniennes
Papeete To Tatou Oire 2001.
Mémorial polynésien tome 4 p 47
Photos : 1, L’avenue Bruat conduisant à Sainte Amélie en 1900. 2, L’avenue Bruat vue du carrefour central vers la montagne en 1960.  3,L’avenue Pouvanaa A Opaa aujourd’hui, vue vers la mer depuis le carrefour de la rue Dumont Durville