Fa’imano et Moeterauri, le roi de Bora Bora et de Maupiti, vivent deux nuits de passion. Le dieu Hiro naît de cet amour. Particularité : il porte comme marque de naissance un veri (cent-pieds) le long de la colonne vertébrale.
La rencontre de Fa’imano et de Moeterauri
En ce temps-là, Taha’a s’appelle encore Uporu. Sur l’île vit une très belle jeune femme, prénommée Fa’imano. Elle est la petite-fille du tahu’a (prêtre, sorcier) de Taha’a. Elle habite à Fa’a’aha en compagnie de son époux et de leurs enfants.
Un jour, une grande pirogue polynésienne accoste au nord de l’île. C’est celle de Moeterauri, le roi de Bora Bora et de Maupiti, qui vient à Taha’a pour y construire une pirogue. Lorsqu’il débarque, l’arbre qu’il devait couper à Murifenua est déjà abattu. Il fait alors le tour de l’île pour en chercher un autre et arrive à Fa’a’aha. Il aperçoit Fa’imano en train de préparer l’écorce d’un aute (mûrier à papier) pour confectionner un tapa (tissu végétal)
Moeterauri se cache et monte sur un vī tahiti (pommier de Cythère). Il cueille un fruit, l’égratigne avec ses ongles et le jette dans l’eau. Le courant de la rivière le dépose devant la vahine, qui le prend, le regarde et dit :
– « Ce n’est ni une souris, ni un oiseau qui ont fait ces marques. »
Voyant les traces des ongles, elle comprend que cela vient d’un homme et s’écrie :
– « Qui a fait cela ? Est-ce une étoile filante ? »
Du haut de son arbre, Moeterauri répond:
– « Ce n’est pas une étoile filante. Si c’était une étoile filante, le fruit tournerait. »
– « Qui a fait cela ? Est-ce le diable ? »
– « Non, ce n’est pas le diable. Si c’était le diable, ça ferait peur. »
– « Qui a fait cela ?»
Moeterauri descend de l’arbre, se dresse devant Fa’imano et lui dit :
– « C’est moi».
Voyant sa ceinture royale (maro) jaune, Fa’imano l’accepte aussitôt pour mari. Fa’imano et Moeterauri vivent une idylle durant deux nuits sous les auspices des dieux.
La naissance de Hiro
La belle Fa’imano, mère de Hiro. Illustration © A’amu
Avant de retourner à Bora Bora, Moeterauri dit à Fa’imano :
– « De notre union naîtra un fils. Il aura les yeux rouges et portera comme marque de naissance un veri(cent-pieds) le long de la colonne vertébrale. Tu l’appelleras Hiro-ma-hō’ata, du nom de ces deux nuits que nous avons partagées. »
Le dieu Hiro naît ainsi neuf mois plus tard.
Te fanauraa
Les jeux mortels de ses demi-frères
Un jour, les deux premiers enfants de Fa’imano jouent sur le lagon avec des tītīraina (petites pirogues en bois léger). Le jeune Hiro demande à sa maman s’il peut lui aussi avoir un jouet semblable. Elle acquiesce.
La nuit suivante, Fa’imano va jusqu’à la maison de son grand-père Ana, le tahu’a (sorcier) de Taha’a, pour regarder en cachette comment il fabrique les jouets pour ses deux premiers enfants.
Ana charge les enfants d’aller chercher dans la montagne des roseaux dont le cœur est rouge (‘ā’eho ute). Ensuite, il leur demande de ramener des nī’au (feuilles de cocotier) sèches – pas des verte – parce que les sèches sont plus légères pour filer plus vite, et de grosses feuilles sèches de mape.
Enfants jouant avec des Titiraina, petit jouet très léger en bambou et feuille de cocotier qui glisse très vite sur l’eau et s’élève même en l’air quand le vent est fort.
Fa’imano va à la montagne chercher le nécessaire pour fabriquer le jouet puis le donner à Hiro. Le petit garçon, son tītīraina à la main, va alors s’amuser avec ses deux frères. Grâce à la force donnée par les dieux, la pirogue de Hiro dépasse sans peine celles de ses frères. Les deux frères, furieux, se jettent sur lui et le tuent. Mais les dieux de Moeterauri viennent et ressuscitent le petit Hiro divinisé.
Le lendemain, sa mère construit encore un jouet. Hiro retourne à la mer. Son jouet continue à dépasser ceux de ses frères. De nouveau, les deux garçons le tuent et les dieux le ressuscitent.
Te fānaura’a
Te fānaura’a est l’endroit où Fa’imano accoucha face à la montagne Mou’a Roa. Il est encore possible d’y voir, au pied d’un tumu mape, la pierre dressée contre laquelle Fa’imano s’adossa, les pierres contre lesquelles elle cala ses pieds et la pierre creuse qui reçut les eaux. (photo)
Sources :
Illustrations : © A’amu, tirée du livre « Hiro et Hina » Api Tahiti éditions. Toute reproduction interdite sans l’autorisation de l’auteur.
MT fev 2019