Légende de Roanuu, le jeune homme chauve de Mahina

La vallée de Tuauru abrite la célèbre légende de Roanuu, un jeune homme au destin touchant. Cette histoire parle d’amour, d’apparence et de respect. Elle rappelle aussi que la beauté du cœur dépasse toujours la beauté du corps.

Un jour, Roanuu se rendit à Tefauroa, la pointe Vénus actuelle. Ce lieu attirait de nombreux jeunes. Les jeunes filles portaient des couronnes de pua pour s’y rendre.

Roanuu y aperçut Tehoho. Elle était belle et lumineuse. Il la désira comme épouse. Mais Tehoho refusa de s’approcher de lui. Elle craignait son apparence et sa tête trop longue.

Attristé, le jeune homme retourna dans la vallée de Tuauru. Il expliqua tout à sa mère. Elle l’écouta en silence. Puis elle lui conseilla de revoir Tehoho. Il y retourna, mais rien ne changea.

Alors, sa mère décida d’agir. Elle demanda à son fils de rapporter :

• de la liane pour une corde,
• des fougères de maire pour une couronne,
• de l’écorce de uru pour un tapa,
• des feuilles de tou,
• des fruits de mati pour obtenir une teinture.

Elle dessina une feuille de uru sur le tapa. Ensuite, elle façonna la tête de son fils. Elle lui donna enfin une forme ronde et harmonieuse.

Transformé, Roanuu retourna à Tefauroa. Tehoho le vit. Elle s’exclama :
« Quel beau jeune homme ! »

Elle ne reconnut pas Roanuu. Ils parlèrent ensemble. Ils jouèrent, marchèrent et s’enlacèrent. Tehoho s’attacha rapidement à lui. Elle tomba amoureuse de ce jeune homme mystérieux.

Roanuu comprit son affection. Mais il se souvint de sa douleur. Il voulut lui offrir une leçon sur la vraie beauté.

Roanuu tendit une extrémité de la liane à Tehoho. Il attacha l’autre au rocher de Hiro. Il lui demanda alors de tirer de toutes ses forces.

Elle tira. Elle comprit soudain. Le beau jeune homme était Roanuu. Surprise, elle cria :
« Roanuu, reviens, je t’aime ! »

Roanuu répondit avec tristesse :
« Je ne reviendrai pas. Tu n’as vu que la beauté du corps. Tu as ignoré la beauté du cœur. »

La légende de Roanuu traverse les générations. Elle montre que le regard porté sur l’autre peut blesser. Elle rappelle que la véritable beauté naît du cœur.
Cette histoire, transmise dans la vallée de Tuauru, reste un pilier de la sagesse polynésienne.